De plus en plus d’étudiants originaires de l’Afrique francophone se voient refuser leurs demandes de visas pour le Canada. C’est ce que dénoncent plusieurs universités et personnalités politiques du Québec. Le cas de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est édifiant : le taux de refus des demandes de visas d'étudiants africains francophones est de 79 %, selon des données gouvernementales.
C’est une discrimination qui ne dit pas son nom à l’égard des étudiants africains francophones désirant poursuivre leurs études dans les universités du Canada. La majorité des demandes de visas émises par les étudiants francophones africains ont essuyé un refus par « Immigration, réfugiés et Citoyenneté Canada », l’organisme gouvernemental en charge de l’immigration. Cette année, 454 étudiants provenant de l’Afrique francophone ont fait une demande pour étudier dans la région, seulement 71 ont été acceptés, rapporte les médias canadiens.
Devant cette situation, plusieurs députés bloquistes (parti politique) et les responsables de quatre Cegeps (Collège d'enseignement général et professionnel) au Québec sont montés au créneau pour alerter le gouvernement fédéral. Ils ont fait une sortie publique le 27 août pour dénoncer les refus massifs de visa pour les étudiants étrangers francophones en provenance d’Afrique.
Le taux de refus de visas pour les étudiants africains francophones à l'UQTR est de 79 %
Les étudiants francophones africains verraient leurs demandes de visa plus souvent refusées que celles des étudiants d'autres pays, selon le recteur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Christian Blanchette. En 2021, l’Université du Québec à Chicoutimi a recensé un taux de refus de visa étudiant de 58 %. Aux Cegeps de Saint-Félicien et de Jonquière, le taux de refus était de 56 % et de 53 % respectivement. En comparaison, l’Université McGill, une institution anglophone, recensait un taux de refus de 9 % au cours de la même période, rapporte le site « intellivoire ».
Dans une déclaration aux médias canadiens, le recteur de l'UQTR affirme que son université est particulièrement touchée par ce problème. Le taux de refus des demandes d'étudiants internationaux qui veulent fréquenter l’UQTR est de 79 %, selon des données gouvernementales, dénonce le recteur. Il précise que les étudiants en provenance de l’Afrique francophone représentent 65 % des étudiants étrangers de son université.
Refus de visa d'études au Canada : Quelles sont les raisons ?
Parmi les motifs évoqués, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada affirme régulièrement la crainte que les étudiants africains ne veuillent pas repartir dans leur pays une fois leurs études terminées. L’organisme gouvernemental en charge de l’immigration invoque aussi l’incapacité financière de ces étudiants africains à subvenir à leurs besoins une fois arrivés au Canada.
Des raisons qui ne tiennent pas la route, selon les responsables des Cegeps et de nombreux élus politiques au Québec. Selon ces derniers, de nombreux étudiants africains reçoivent des bourses ou des exemptions de frais de scolarité, ainsi qu’un soutien financier de leur famille. « Les étudiants vont se créer un cercle social, ils parlent français, ils vont avoir un diplôme. Certains employeurs attendent que les jeunes obtiennent leurs papiers. Ils sont sur une autre planète à Ottawa », explique Alexis Brunelle-Duceppe, député bloquiste.
