Le secteur du cinéma en Algérie est agonisant, de l'avis des professionnels. Les subventions arrivent au compte-goutte et la production est au ralenti. Les réalisateurs, notamment ceux de la jeune génération, ne cessent de dénoncer leur marginalisation. Concernant les studios de production, l'Algérie connait un grand déficit. Pour juguler ce manque, le ministère de la Culture a décidé de réaliser la première ville de production cinématographique dans le sud du pays, à Tinerkouk (60 km au nord de Timimoun).
C'est ce qu'a annoncé la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, le 15 octobre à Timimoun. « Une ville de production cinématographique sera lancée dans le Sud algérien, après achèvement et équipement du site de Bordj-Khan El-Kaouafel, pour être exploitée en fonction d’une approche économique », a donc indiqué la ministre en marge de la cérémonie de signature d’une convention de transfert de la propriété du site au ministère de la Culture et des Arts, représentée par le Centre algérien de développement du cinéma (CADC).
C'est ainsi donc que ce ministère compte relancer le secteur du cinéma. Cette décision « intervient en application des directives des hautes autorités du pays portant relance et promotion des produits et de l’industrie cinématographiques en Algérie, notamment dans le sud du pays qui recèle d’importants atouts naturels, culturels, touristiques et d’installations d’accueil », explique la ministre.
Concrètement, cette ville qui sera dédiée à la production cinématographique devrait être dotée d’un complexe de production cinématographique. Un complexe composé d’une série de structures nécessaires aux metteurs en scène et cinéastes, entre autres, la location contractuelle de studios et équipements de tournage, l’accompagnement des producteurs pour le choix des sites externes pour le tournage ou la prise de vue, en plus d’assurer le transport, l’hébergement et la restauration aux artistes et techniciens.
Le cinéma algérien a besoin de financement
La ministre a également évoqué la promotion de l’industrie cinématographique. Elle a fait part de la rédaction, au terme de longues consultations avec les professionnels, de l’avant-projet de loi afférent à cette industrie, qui sera axé sur « l’assouplissement des procédures et l’encouragement de l’investissement dans le domaine, en plus de la réglementation des mécanismes de travail et de l’appui du public en toute transparence, ainsi que la promotion de la formation dans le domaine ».
Par ailleurs, il faut souligner que certains professionnels du secteur du cinéma ne cessent de tirer la sonnette d'alarme. C'est le cas de Saber Ayadi, fraichement élu président de la Fédération algérienne de l'industrie cinématographique, qui avait affirmé dans une interview accordée au journal l'Expression qu'« il est vrai que le domaine cinématographique est en souffrance ces derniers temps pour différentes raisons et la suppression du seul fonds d'aide publique n'arrange pas la situation, mais nous ne considérons pas que le cinéma algérien soit mort, car nous sommes toujours là, hommes et femmes, artistes et techniciens, producteurs et entrepreneurs culturels, nous sommes forts de notre conviction qu'une relance est possible, car le spectateur algérien est en droit d'avoir un cinéma et une production nationale ».
Rappelant que depuis la suppression du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique (FDATIC), dans le cadre de la loi des finances 2021, de nombreux professionnels du secteur sont montés au créneau. « C’est une mise à mort du cinéma algérien ! Et notamment du cinéma d’auteur, qui est assez fragile en termes de financement », s’est alors alarmée la cinéaste Sofia Djama. « Une aberration ! », avait indiqué Hassen Ferhani, réalisateur de « Dans ma tête un rond-point » et de « 143, rue du Désert » multi-primé à l’étranger. Il avait expliqué que « ce fonds a permis aux cinéastes aguerris de continuer à faire des films et à la nouvelle génération d’émerger, dont une partie rayonne même à l’international ».