Drame de Melilla : Le gouvernement espagnol accusé de « cacher les actions du Maroc »

Drame migratoire à Melilla (frontière entre l'Espagne et le Maroc)

Le drame qui a couté la vie à 24 migrants lors d'un assaut aux frontières entre le Maroc et Melilla, une enclave espagnole, continue d'alimenter les débats en Espagne. Des voix s'élèvent encore pour demander la vérité sur ce drame. Dans un entretien au journal Vozpopuli, la députée du Parti populaire (PP) Ana Vázquez, porte-parole de la Commission de l'intérieur, a lancé de graves accusations contre le gouvernement de son pays.

En effet, la députée affirme qu'« il y a de grandes questions à résoudre. Marlaska refuse de dire le nombre de morts. Il dit qu'il y a eu une alerte précoce du Maroc pour répondre à l'avalanche, mais il n'y en a pas eu : le Maroc a appelé cinq minutes plus tôt ! L'étroite collaboration que le gouvernement vante n'existe pas. Il y a une supériorité du Maroc sur Marlaska et Sanchez. Je ne sais pas si c'est à cause de Pegasus ou pourquoi. Mais la vérité est que notre gouvernement a l'intention de cacher les actions du Maroc sur le sol espagnol ».

Ana Vázquez remet donc en cause les versions des deux gouvernements. Déjà sur le nombre de morts, les chiffres diffèrent. Les sources officielles marocaines parlent de 23 migrants morts, les ONG de 72 et le documentaire de la BBC de 94. La porte-parole de la Commission de l'intérieur au parlement a fait partie des députés qui se sont rendus  à Melilla pour avoir plus d'informations sur ce qui s'est passé le 24 juin dernier à la frontière avec Maroc.

Drame de Melilla : Le gouvernement espagnol a menti

Elle se pose des questions sur ce qui s'est passé et remet en cause les explications du gouvernement. « À Melilla, nous avons découvert trois mensonges que Marlaska avait racontés. Le premier est que le nombre maximum de gardes civils déployés était d'une centaine, contre 2 000 migrants qui tentaient d'entrer. Le deuxième est qu'il y avait des policiers marocains sur le sol espagnol. Et le troisième, c'est qu'il y avait des corps inertes sur le territoire espagnol. Sur les images, il est impossible de connaître leur véritable état », affirme cette députée, qui soutient que l'Espagne a une responsabilité dans le drame de Melilla et demande au gouvernement d'enquêter.

Il faut dire que suite à ce drame, le Parti populaire a déjà demandé la démission du ministre de l'Intérieur. Ce ministre est donc dans la ligne de mire du PP.  La députée affirme dans son entretien que « Marlaska a dit qu'il allait mettre en place une frontière intelligente avec reconnaissance faciale. Mais ce qu'il faut renforcer, ce sont des moyens matériels et humains ». « Le gouvernement n'essaie pas de résoudre les problèmes qui existent à la frontière sud alors qu'ils savent que c'est la plus faible. En 2018, l'effectif des gardes civils affectés à Melilla était de 594, et au 1er janvier 2022, il était de 599 : cinq agents de plus seulement. Ce n'est pas cela, défendre la frontière », accuse Ana Vázquez.

Toujours avec un ton accusateur, la députée ajoute que ce gouvernement « a l'intention de camoufler un scandale par un autre. Le parquet continue d'exiger des vidéos, tout comme le Médiateur. C'est inconcevable. […] En ce moment, toutes les procédures parlementaires sont ouvertes. Si Marlaska ne démissionne pas, nous prendrons des décisions dans le domaine politique. Nous n'excluons pas l'option d'une commission d'enquête ou quoi que ce soit d'autre ».

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