L'histoire sombre des camps de regroupement en Algérie par Saïd Oulmi

Sur les traces des camps de regroupement de Said Oulmi

Le film « Sur les traces des camps de regroupement » de Saïd Oulmi retrace les souffrances endurées par les Algériens internés dans des centres de regroupement durant la guerre de libération en Algérie, où ils étaient souvent humiliés et mal traités par l'armée française qui avait pour but de séparer les populations des moudjahidine.

Le réalisateur a opté pour la forme longue – le film s’étale sur 74 minutes – pour retracer une sombre période du colonialisme en Algérie. Le documentaire, à plus d’un titre, émouvant, revient, en effet, sur les souffrances endurées par les Algériens internés dans des centres de regroupement durant la guerre de libération. Ça se passait, vous en doutiez bien, derrière les barbelés. Dans les quatre coins du vaste pays, les populations desdits centres gardent encore en mémoire un séjour infernal.

Sous-alimentés, maltraités et sans abris, des femmes témoignent de l'humiliation qui leur a été infligée. D'autres témoins se souviennent encore des exactions de l'armée française qui avait pour but de séparer les populations civiles des moudjahidine. Saïd Oulmi n’a pas omis d’accompagner les témoignages des victimes de ceux de chercheurs et d'historiens attitrés. Et le résultat est, on ne peut mieux, satisfaisant.

Le film « Sur les traces des camps de regroupement », pour rappel, est réalisé et produit par l’agence algérienne du rayonnement culturel et le centre algérien de développement du cinéma (CADC). En marge de sa projection à la cinémathèque « Aurès » du centre-ville de Batna, avant-hier, 5 janvier 2023, Saïd Oulmi a souligné qu’il s’agit d’une contribution dont le but est de conserver la mémoire à transmettre aux générations. Le réalisateur a également mis en avant le fait que « Sur les traces des camps de regroupement » soit la première œuvre cinématographique qui traite des camps de regroupement.

« Cayenne, histoire d’un enfer », un autre film de Saïd Oulmi en phase de montage

Au cours des débats qui ont suivi la projection, Saïd Oulmi a mis l’accent sur « la nécessité d’élargir le cercle des projections des films qui montrent les crimes commis par le colonialisme contre des civils durant sa présence en Algérie. L’idéal, selon lui, est de « toucher les lycéens et les universitaires afin que les jeunes se rendent compte des sacrifices consentis par les générations précédentes pour le recouvrement de la souveraineté nationale ». S’appuyant sur cette expérience de recherche, Saïd Oulmi considère qu’il est encore temps d’interroger les témoins encore en vie. Car, a-t-il souligné, avec leur départ, ce sont des pans d’une mémoire qui disparait, aussi les témoignages enregistrés doivent se multiplier.

Saïd Oulmi a, par ailleurs, annoncé que son film documentaire sur les déportés algériens en Guyane française (Amérique du Sud) est actuellement en phase de montage. « Il se composera de 4 parties avec, pour titre, "Cayenne, histoire d’un enfer" », a-t-il déclaré, précisant qu’environ 25 000 Algériens ont été déportés dans cette région, entre 1852 et 1939.

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