Immigration : Durcir les politiques migratoires est un non-sens, selon des chercheurs

Immigration vers l'UE - Métiers en tension

Dans tous les imaginaires, il est logique de ne pas tenter de s’établir dans un pays repoussant. C’est là même le principe qui conduit à l’immigration sous toutes ses formes. Et, de nos temps, les politiques anti-migratoires des pays convoités – notamment les pays européens – sont basées sur le durcissement des conditions d’accueil, de sorte à dissuader les migrants d’y rester. Un "non-sens", selon des chercheurs.

C’est clairement la conviction dominante dans le débat sur l'immigration : les centres d’hébergement, l’accès aux allocations, la prise en charge des soins médicaux, les promesses de régularisation et d’autres avantages du genre "aspirent la misère du monde". L’expression est du philosophe Jérôme Lèbre qui, en 2019, tentait d'expliquer l'idée selon laquelle l’Europe est devenue l'Eldorado des migrants grâce - ou à cause - des privilèges qu'elle offre.

Aussi, depuis déjà deux décennies, les droites et les extrêmes-droites européennes appellent les gouvernements à durcir les conditions d’accueil des migrants en vue de les dissuader de rester sur le sol européen. En France, qui est en phase d’avoir sa nouvelle loi sur l’asile et l’immigration, les discours du genre ont foisonné. Et, en tête de la tendance ces dernières semaines, figurent Eric Ciotti de LR (Les Républicains) et Jordan Bardella du RN (Rassemblement national).

Immigration : L’appel d’air, un mythe

Ce n’est pas tout : ce "discours connu de la mythologie d’extrême droite", selon Jérôme Lèbre repris par le journal Le Monde, "s’est imposé dans le débat, y compris à gauche, au début des années 2000, lors des polémiques sur le camp de Sangatte (Pas-de-Calais)". "Il repose sur l’idée que les migrants se comportent comme les sujets rationnels et éclairés de la théorie libérale classique : informés par la presse, les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille, ils pèsent avec soin, avant de quitter leurs pays, les avantages et les inconvénients de chaque destination afin de repérer les contrées les plus hospitalières", explique encore Jérôme Lèbre.

Or, il n’en est rien quand il s'agit d'immigration ! En effet, cette logique qui semble inspirée par le bon sens ne correspond nullement à la réalité et à la complexité des parcours migratoires. L’appel d’air – selon lequel les migrants choisiraient leurs pays d’arrivée en fonction de la qualité des prestations sociales –  est tout simplement un "mythe".

C’est du moins le constat qu’a fait l’Institut Convergences Migrations qui rassemble six cents chercheurs en sciences sociales issus de plusieurs institutions. "L’appel d’air n’est en rien corroboré par les travaux de recherche", estiment les chercheurs qui se sont penchés sur le phénomène de l'immigration. "Les études internationales consacrées aux déterminants de la migration montrent en effet qu’il n’existe, selon l’institut, aucune corrélation entre la qualité des politiques d’accueil et l’orientation des flux migratoires", détaille Le Monde.

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