« Maroc Gate » : Le Maroc sous les feux des parlementaires européens

Maroc Gate

Longtemps protégé par les institutions européennes, en raison de son lobbying très efficace, le Maroc se retrouve devant les feux croisés des députés européens. En effet, les conséquences du scandale de corruption de parlementaires, dont le Maroc est accusé, commencent à se ressentir. À la plénière du Parlement européen, des eurodéputés ont demandé, le 17 janvier , d’interdire l’accès aux représentants du Maroc à l’hémicycle et de réviser tous les accords conclus avec le royaume, intégrant le Sahara occidental.

Ainsi, après plusieurs batailles gagnées dans les coulisses, le Maroc semble perdre la guerre dans la plénière. Lors du traitement des affaires de corruption qui secouent depuis plus d’un mois le Parlement européen, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures, la Suédoise Ylva Johansson, a présenté un exposé sur le scandale, marqué surtout par le rappel de l’ouverture de procédures à l’encontre de certains eurodéputés, tels la Grecque Eva Kaili, le Belge Marc Tarabella et l’Italien Andrea Cozzolino.

Pendant cette plénière des eurodéputés appartenant aux différends groupes parlementaires se sont ensuite relayés pour prendre la parole et condamner le Maroc de vouloir « corrompre » l’institution législative européenne et d'« entacher sa crédibilité ». Karima Delli, du Groupe des Verts/Alliance libre européenne (représentant la France), a réclamé « la suspension de tous les travaux » de partenariat avec le royaume marocain et la mise en place d’une « haute autorité de la transparence ».

La question des droits humains au Maroc sera débattue

De son côté, l'Autrichien Andreas Schieder, de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, a exigé l'interdiction d'accès aux représentants du Maroc au Parlement européen et la révision de tous les accords conclus avec le royaume, intégrant le Sahara occidental. Cette revendication a été appuyée également par l’Italien Brando Benief et le Maltais Cyrus Engerer, qui appartiennent au même groupe politique.

L'eurodéputée espagnole Ana Miranda du Groupe des Verts/Alliance libre européenne a clairement posé le problème du Sahara occidental lors de son intervention. Cette députée a estimé qu’« en refusant de former des commissions d’enquête sur la torture et les violations des droits de l’Homme commis par le Maroc au Sahara, le Parlement européen est complice de l’occupant marocain ». Jordi Cañas a, pour sa part, dénoncé la récente visite de Josep Borrell, au Maroc. « Il est temps d'exiger des comptes à "nos alliés stratégiques"», a-t-il demandé au chef de la diplomatie de l’Union européenne.

Le Tabou « Maroc » s'effrite donc. Le 19 janvier, le Parlement de Strasbourg devra encore se pencher sur la question des droits humains dans le royaume. Le parlement doit notamment statuer sur la persécution que subirait le journaliste d’opposition Omar Radi. Ce dernier a été emprisonné et condamné en 2021 pour des accusations de viol et d’espionnage. Il s’était auparavant montré très critique envers le pouvoir royal. Ainsi, cette question ne serait jamais arrivée au Parlement de Strasbourg si le « Maroc Gate » n’avait pas été révélé.

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