Le Canada est l’un des pays dont l’économie dépend fortement de l’immigration. Rien que pour les trois années à venir, il envisage d’accueillir 1 500 000 immigrants. Toutefois, selon le Bloc québécois, la politique migratoire de ce pays souffre d’un déficit flagrant d’humanisme.
Le porte-parole en matière d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté du Bloc québécois, Alexis Brunelle-Duceppe, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger « Immigration Canada ». Les mots qu’il a employés sont on ne peut plus crus : « manque d’empathie », « manque d’humanisme », « structure dysfonctionnelle ». Le jugement du député de Lac-Saint-Jean se base en partie sur le cas Rose Éva, une Camerounaise expulsée du territoire en 2020. Selon lui, l’Immigration Canada a montré un visage des plus hideux. « S’il y a bien un ministère qui se doit d’être humain et empathique, c’est celui-là, insiste-t-il. Les dossiers qu’on gère, ce n’est pas des statistiques, c’est de vraies personnes », a-t-il déclaré.
Sans permis de travail, Rose Éva est expulsée du Canada à la fin de ses études
Il convient de rappeler que le Bloc québécois (BQ) est un parti politique fédéral du Canada fondé en 1991. Indépendantiste et social-démocrate, il est implanté exclusivement au Québec. Il s’est donné pour mission de mettre en place les conditions nécessaires à la réalisation de la souveraineté du Québec. Sa ligne directrice est de défendre les intérêts des Québécois au Parlement canadien, tout en faisant la promotion de l'indépendance.
C’est ce même parti qui, hier, 28 janvier 2023, a tenu un point de presse à l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau afin de souligner l’arrivée au pays de Rose Éva qui avait obtenu un permis d’étude pour compléter une technique en programmation informatique à l’Institut Teccart. Rose Éva avait très tôt obtenu son diplôme, et ce, grâce à ses bons résultats. Elle a ensuite continué à travailler dans une boutique de vêtements, où elle avait été embauchée pendant ses études. Sauf que le visa que détenait Mme Éva lui interdisait de travailler une fois son diplôme obtenu, et c'était ce qu’elle ignorait. Le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada n’avait pas alors hésité à la renvoyer au Cameroun. Ce fut en 2020.
« Aujourd’hui, elle revient avec une résidence permanente et on en est bien heureux », s’est réjoui Rhéal Éloi Fortin, député bloquiste de Rivière-du-Nord, la circonscription dans laquelle résidait la jeune femme. « Mais c’est une situation que je déplore pour l’ensemble de la société québécoise et canadienne : on avait une immigrante qualifiée et intégrée, et on l’a retournée chez elle », a ajouté Rhéal Éloi Fortin.
Le Bloc québécois demande la levée de l'interdiction de travailler une fois le diplôme complété
Alexis Brunelle-Duceppe est revenu sur le traitement inhumain qui a été réservé à la jeune femme. « Ils l’ont détenue, ont pris son téléphone, l’ont mise dans une pièce fermée. C’est bouleversant […] c’est extrêmement humiliant », a-t-il accusé. Et d’ajouter : « Ce ministère est dysfonctionnel. »
Pour rappel, le gouvernement a déjà procédé à l'allègement de certaines restrictions inhérentes au visa d’études1. En effet, présentement, certains étudiants peuvent travailler plus de 20 heures par semaine, ce qui était auparavant interdit. Le Bloc québécois demande maintenant au gouvernement de lever le règlement qui a couté son visa à Rose Éva, c’est-à-dire l’interdiction de travailler une fois le diplôme complété.