40 % des étrangers en France inactifs : Le vrai du faux

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En France, le débat autour de la loi sur l’immigration et l’asile bat son plein. Il surpasse même celui sur les retraites qui, pourtant, engage en profondeur l’avenir du pays. L’un des outils les plus en vue de ce débat, souvent faussé, ce sont les chiffres. Et ce n’est que trop connu : à ceux-ci, d'ailleurs, on peut faire dire tout ce qu’on veut.

C’est quand les chiffres sont annoncés en pourcentage qu’ils prennent souvent une tournure dramatique. Marine Le Pen, l’ex-présidente du Rassemblement national, en a lâché un : « 40 % des étrangers dans notre pays sont en inactivité », a-t-elle déclaré lors d'une interview télévisée sur France Info. Et d’ajouter : « avant de faire venir une immigration supplémentaire, commençons par les faire travailler ! » En d’autres termes, Le Pen suggère de mettre au travail des étrangers inactifs, et ces 40 % ne sont pas un chiffre à prendre à la légère. Mais est-il au moins vrai ? La vérification est venue du site spécialisé InfoMigrants, qui a pris le temps de consulter les sources.

Étrangers en France : des définitions s'imposent

Il ne serait pas inutile de commencer par définir clairement les termes du débat, et l’Insee semble être une référence nationale difficilement discutable. Selon cet institut, « un étranger est une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française ». Donc, un étranger n'est pas forcément un immigré. Il peut être né en France, comme c'est le cas pour les mineurs notamment. Un immigré, lui, toujours selon l'Insee, est « une personne étrangère, née à l'étranger et résidant en France ». En d’autres termes, une personne immigrée le reste à vie, même si elle acquiert la nationalité française.

Autre définition de l’Insee qui s'impose : « les inactifs sont par convention les personnes qui ne sont ni en emploi ni au chômage : jeunes de moins de 15 ans, étudiants et retraités ne travaillant pas en complément de leurs études ou de leur retraite, hommes et femmes au foyer, personnes en incapacité de travailler… » Faut-il aussi préciser que quand il s’agit des inactifs, les organismes se focalisent sur les personnes « en âge de travailler », âgées de 15 ans à 64 ans.

Immigration et inactivité : Les contrevérités de Marine Le Pen

Les définitions mises au clair, voilà maintenant comment Marine Le Pen procède, non seulement à l’invention de chiffres, mais aussi à en exagérer la portée. D’abord les 40 % sont un chiffre erroné. En effet, selon des données d'Eurostat, le taux d’inactivité des étrangers en France était, en 2020, de l'ordre de 33,5 %. À ne pas perdre de vue que ce chiffre englobe toutes les personnes âgées entre 15 ans et 64 ans. Ainsi, collégiens, lycéens et étudiants sont comptabilisés.

« L'enquête Emploi s'applique sur des déclarations individuelles, et aucun papier d'identité/titre de séjour ou contrat de travail n'est demandé aux enquêtés », précise, en outre, l'Insee. Et d’ajouter : « donc une personne qui déclare avoir travaillé (même si elle est en situation irrégulière) sera comptabilisée comme en emploi (et donc pas inactive) ». Enfin, ce qui est également de nature à remettre en question l’argumentaire de Marine Le Pen est que nombre de secteurs, comme celui du nettoyage ou des livraisons de repas, ont recours à des travailleurs sans-papiers qui utilisent des alias. « Ces personnes peuvent avoir été déboutées de leur demande de régularisation ou être en cours de demande d'asile. Loin d'être inactifs, ces sans-papiers […] peuvent travailler pendant des années dans l'ombre, dans des conditions parfois très difficiles », précise InfoMigrants.

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