La vente aux enchères d'un manuscrit de l'émir Abdelkader annulée en France

Manuscrit de l'émir Abdelkader

Les réseaux sociaux ne parlent que de cela depuis samedi. La mise en vente aux enchères en France d'un manuscrit datant de la résistance de l'émir Abdelkader a provoqué un tollé sur la Toile et a fait naître une campagne intense d'Algériens appelant à empêcher cette vente et à la restitution de ce document historique à l'Algérie.

En fait, c'est un manuscrit qui appartenait à l'émir Abdelkader, mais qui n'a pas été pris de chez lui, mais de chez l'un de ses disciples. C'était en 1842, à une période où la France n'était pas encore totalement installée en Algérie. Le manuscrit a été « rapatrié » vers la France, un certain 29 août 1842, par le lieutenant Blanry qui était un officier de l'armée d'Afrique.

Le manuscrit en question, écrit en langue arabe, date du 17e siècle et est l'œuvre d'Al-Hadi Abu Srour Ibn Abd al-Rahman al-Abbadi al-Shafi’i du Caire, qui a achevé son écriture en 1620. Les historiens disent qu'il a été copié en 1659 par un certain Muhammad Ibn Muhammad Ibn Qasim Ibn Issa Ibn Muhammad al-Ghabrini al-Hadi. Il importe de préciser qu'il n'était pas dans un très bon état au moment où il était présenté pour la vente aux enchères.

Le manuscrit a été pris en juin 1842 chez l'un des disciples de l'émir Abdelkader

Le site qui présente le document en prévision de sa mise en vente aux enchères précise que « le manuscrit a été saisi par les armées de l’occupation française, dirigées par le général Théodule Changarnier, lors d’un raid contre une tribu qui faisait paître ses moutons dans la région en juin 1842 ». Et c'est justement cette proposition à la vente publiée sur le site en question qui a mobilisé les membres de la diaspora algérienne pour faire échouer la vente.

La détermination des Algériens de France en particulier et en Europe en général était telle que, ayant peur que la campagne de dénonciation ne paie pas, une cagnotte a été lancée par la communauté algérienne pour rendre possible l'achat du manuscrit dans le but de le placer dans un musée algérien.

Le Commissaire-priseur annule la vente du manuscrit de l'émir Abdelkader

Mais finalement, la mobilisation a payé et la vente du manuscrit a été annulée par le Commissaire-priseur Jack-Philippe Ruellan, chargé de la vente, et qui semble avoir été convaincu par la mobilisation des Algériens en France. « Je veillerai à ce que cet ouvrage soit bien remis au consulat de Nantes pour qu’il finisse dans un musée en Algérie », a fait savoir le Commissaire-priseur chargé de vendre le manuscrit à Vannes, en Bretagne.

Il importe de rappeler qu'un nombre important de documents et d'objets ont été pris durant l'occupation française de l'Algérie et l'État algérien tente de les récupérer depuis un certain temps déjà. Certains de ces documents se sont retrouvés dans des collections privées et les autorités algériennes ont dû carrément racheter certains objets pour les mettre enfin dans des musées en Algérie.

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