Dans une étude s’étalant sur plusieurs décennies, l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) a dévoilé plusieurs facettes de l’immigration en France. Chiffres, constats et analyses sont au menu. Selon cet institut, 10,3 % de la population française sont des immigrés, une tranche dont la vie n’est pas aussi facile que celles des « autres » Français.
Au fil des 200 pages que compte l’étude, l’Insee a brossé un tableau assez accompli de l’immigration en Hexagone. Et le premier chiffre qui saute aux yeux est le nombre d’immigrés (personnes nées étrangères à l'étranger résidant en France). En 2021, année de l’arrêt de l’étude, ce chiffre a été de l’ordre de 7 millions, soit 10,3 % de la population. L’Insee a rappelé qu’en 1968, la part de l’immigration parmi la même population a été de 6,5 %, ce qui lui fait dire que celle-ci a, depuis, « proportionnellement » doublé. La France est ainsi dans la moyenne européenne. Elle vient derrière l'Allemagne (10,6 millions) ou encore le Luxembourg (47 %).
Deux-millions de Maghrébins en France
L’Insee s’est également penché sur les origines des immigrés en France. Et il a révélé un changement notable dans ce sens. En 2011, note-t-il, le nombre d’Italiens et d’Espagnols, « majoritaires en France il y a 50 ans », était de 882 000, et, en 2021, il est passé à 543 000. Le nombre d’immigrés Maghrébins, lui, est ne nette hausse. En 2021, ils ont été 2 millions, contre 1,63 en 2011.
Les immigrés d’origine africaine, révèle également l’étude de l’Insee, représentent un peu plus que la moitié des immigrés résidant en France : 3,31 millions sur les 6,96 que l’étude a recensés. Aussi, la part des femmes a été en nette augmentation. Elles représentent plus que la moitié (52 %) en 2021, tandis qu’en 1968, elles étaient à hauteur de 44 %.
Immigrés en France : des discriminations au quotidien
L’Insee, dans son étude intitulée « Immigrés et descendants d’immigrés en France », ne s’est pas contenté des chiffres. Il s’est aussi penché sur le quotidien desdits immigrés. Et là-dessus, le constat est loin d’être reluisant. En effet, des discriminations à l’emploi, au logement, aux soins… à leur égard ont été relevées.
En ce qui est de l’emploi, « en 2021, les étrangers étaient confrontés à un taux de chômage de 13 % contre 7 % pour les autres Français ». Aussi, ont-ils eu droit à des salaires moins intéressants et des emplois moins qualifiés. En matière de logement, le fossé entre les immigrés et le reste des Français est encore plus béant. En effet, en 2019-2020, uniquement 32 % des étrangers vivaient dans leur propre logement, contre 59 % pour le reste de la population. Au volet santé, les choses ne sont pas meilleures : en 2019, quelque 10 % d’immigrés ont été en mauvaise santé. Parmi le reste de la population, ce chiffre est de l’ordre de 7 %.
Toutefois, les Maghrébins restent les plus stigmatisés, notamment à l’emploi. Pour un entretien d’embauche, seulement 23 % d’entre eux sont appelés pour un entretien contre 33 % du reste de la population. Aussi, sont-ils ceux qui souffrent le plus de chômage : 16 %, contre 6 % pour le reste des Français.