L’assassinat sauvage de la petite Lola demeure à jamais gravé dans les esprits. S’il a montré l’un des visages les plus hideux de l’« humain », il a certainement nourri le sentiment anti-immigration des Français. Aujourd’hui, 6 mois après les faits, l’on se demande si Dahbia B., l’auteure de l'abominable crime, sera jugée en cours d’assises ou non. En d’autres termes, sera-t-elle rangée dans le tiroir des déséquilibrés ou dans celui des meurtriers à qui la politique d’immigration française a permis d’exister.
L’assassinat de la petite Lola avait, en outre, relancé le débat sur les OQTF (Obligations de quitter le territoire français), pour la simple raison que la meurtrière en était destinataire. D’ailleurs, la presse française, même des mois après les faits, continue, dans sa majorité, à nommer Dahbia B. par le qualificatif nullement innocent de « l’Algérienne », tout en rappelant le fait qu’elle était sous OQTF.
Aussi, dans le ciel du débat autour de la nouvelle loi sur l’immigration et l’asile (reportée et qui devrait être découpé en plusieurs textes) a toujours plané l’ombre de Lola et de Dahbia B. Ce fut – ça l’est toujours – du pain béni pour la droite et l’extrême droite françaises qui ont exploité cet assassinat à outrance. « C’est de bonne guerre », dira-t-on. En France, en particulier, mais aussi partout dans le monde, l’affaire a largement été suivie et commentée. La colère était à son comble, et pour certains – les immigrés, plus précisément – la peur a bel et bien était au rendez-vous. Et c’était à raison : c’est le procès de toute l’immigration qu’on faisait.
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Le jugement de Dahbia B. n'était pas aboli au moment des faits
Rappelons que durant sa garde à vue, Dahbia B. a fait des aveux glaçants, dignes d’un film d’horreur hollywoodien. Une première expertise psychiatrique a conclu qu’elle ne souffrait « d'aucun trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli ou altéré son discernement ». L’expertise a, néanmoins, révélé que « le crime commis était bel et bien en rapport avec un trouble grave et complexe de sa personnalité ». Aussi, « le risque de violence de la suspecte était évalué comme étant très élevé ».
Toutefois, Dahbia B., toujours en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), pourrait être jugée devant la cour d'assises, s’entendent à écrire la presse française. Elle attend que le juge d’instruction parisien, chargé de cette affaire, décide de mettre fin à l’enquête pour en connaître davantage sur le sort que la justice française lui réserve. Dans la logique des choses, la défense devrait demander une contre-expertise. Cependant, aucune information n’a filtré sur l’avancée de l’instruction pour le moment. Une chose reste certaine : si Dahbia B. est jugée en cour d’assises, c’est un peu toute l’immigration qui sera au banc des accusés.