Il y aura peut-être un dégât collatéral en Algérie du coup d'État perpétré par les militaires contre le président nigérien Mohamed Bazoum. Il est vrai que globalement, une instabilité politico-militaire dans un pays ne peut que se répercuter sur les pays voisins, mais cette fois, pour l'Algérie, la répercussion est un peu plus particulière.
En effet, le coup d'État militaire à Niamey contre le président Mohamed Bazoum risque de se répercuter sur l'Algérie si l'instabilité politique dans ce pays voisin venait à s'éterniser. Cette instabilité au Niger pourrait effectivement peser sur le projet de gazoduc transsaharien qui doit aller du Nigeria vers l'Europe via l'Algérie. Une option qui devrait réjouir le Maroc, qui rivalise avec l'Algérie sur ce projet de plusieurs milliards de dollars.
En fait, le Nigeria voudrait faire acheminer des hydrocarbures vers l'Europe via un gazoduc géant, mais les deux pays voisins d'Afrique du Nord se disputent le projet, l'Algérie voulant le faire passer par le Niger et le Maroc cherchant à lui faire traverser le littoral atlantique. Beaucoup de paramètres favorisent l'option algérienne pour le gazoduc transsaharien, notamment en raison de l'existence préalable de plusieurs installations utiles et le coût de sa réalisation.
Mais cette option pourrait être compromise par l'instabilité politique en cours au Niger, puisque le gazoduc défendu par les autorités algériennes est programmé pour traverser le pays. C'est ce qui fait dire à des observateurs que le projet du gazoduc Nigeria-Algérie-Europe pourrait être compromis à la suite du coup d'État militaire au Niger.
D'ailleurs, du côté ouest de la frontière algérienne, l'on se réjouit de ce putsch qui pourrait faire gagner la bataille du gazoduc à l'État marocain. À moins que les militaires putschistes ne soient conscients de l'importance de ce gazoduc, y compris pour leur pays, et qu'ils prennent l'engagement de limiter l'instabilité à la sphère politique à Niamey.
