Face à la précarité qui touche la majorité des étudiants en France, 14 présidents d'universités ont appelé, dans une tribune publiée par Le Monde, à la création d'une « allocation d'études pour tous les étudiants ». Une proposition qui a fait réagir le gouvernement français.
En France, les étudiants font partie des catégories sociales les plus impactées par l'inflation. En effet, selon la dernière enquête de l'UNEF, publiée le 14 août, le coût de la vie des étudiants en France connaîtra une hausse de 6,47 % par rapport à l'année précédente1. Ce qui correspond à « une augmentation du reste à charge annuel de 594,76 euros et 49,56 euros par mois », détaille l'UNEF dans son enquête.
Cette explosion du coût de la vie étudiante qui se poursuit d'année en année a fait réagir les premiers responsables des universités françaises. En effet, dans une tribune publiée le mardi 19 septembre sur Le Monde, 14 présidents d'universités ont appelé à la création d'une « allocation d'études pour tous les étudiants », afin de « juguler la pauvreté », faciliter « le développement de l'autonomie » des jeunes et « leur accès à l'enseignement supérieur »2.
Des présidents d'universités réclament « une allocation d'études pour tous les étudiants »
Dans un contexte de forte inflation et de précarité économique chez les étudiants, les signataires préconisent une « réforme structurelle d'envergure des bourses », avec pour objectif « la mise en place d'une allocation d'études pour toutes les étudiantes et tous les étudiants », à l'instar de ce qui se pratique dans d'autres pays d'Europe. « Ni les bourses sur critères sociaux, qui concernent environ 750'000 étudiants, ni les aides exceptionnelles débloquées fin 2022 par le gouvernement en faveur des associations soutenant les étudiants précaires ne suffisent à juguler la pauvreté étudiante », observent les signataires de la tribune.
Une allocation d'études pour tous « permettrait de réduire les inégalités socio-économiques, mais aussi les effets de ruptures familiales, favorisant ainsi l'accès aux études supérieures et la cohésion sociale », plaident-ils. Cette allocation « pourrait évoluer au fil de la progression dans un cursus », détaillent les signataires de la tribune. L'autonomie financière des étudiants « favoriserait par ailleurs les mobilités internationales » et s'inscrirait « dans un véritable projet de société, fondé notamment sur l'accès du plus grand nombre à l'enseignement supérieur », poursuivent-ils dans leur tribune.
Ces présidents de 14 universités – parmi lesquelles Montpellier, Aix-Marseille, Strasbourg, Lumière-Lyon-II, Jean-Moulin-Lyon III, Sorbonne Université ou Paris I-Panthéon Sorbonne – représentent 500'000 étudiants répartis sur le territoire. Des universités qui accueillent des milliers d'étudiants étrangers parmi lesquels des Algériens. L'écrasante majorité de ces étudiants étrangers fait face à des difficultés sur le plan financier pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Voici la réponse de la ministre de l'Enseignement supérieur
« En quoi donner une allocation à tous les étudiants sans condition de revenus va-t-il faire reculer la précarité ? » s'interroge ce mercredi 20 septembre sur franceinfo la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, en réponse à l'appel des 14 présidents d'universités. « Donner à tous sans regarder les revenus ne me paraît pas être la solution la plus efficace », insiste la ministre, qui rappelle que le système social français « est basé sur un système de solidarité ».
La ministre, qui souligne que « la priorité dans le contexte de l'inflation est de combattre la précarité », rappelle les « 500 millions d'euros mis sur la table, soit presque 20 % d'augmentation du budget » de son ministère « pour augmenter les bourses ». Concernant l'alimentation, « nous avons pérennisé le repas à 1 euro pour les boursiers et les non-boursiers », rappelle également la ministre, qui affirme « partager avec les présidents d'université ce besoin de justice sociale, donc on va continuer ».
En France, le coût de la vie des étudiants s'envole, 18 août 2023, ObservAlgérie ↩
« Nous, présidentes et présidents d'université, appelons à la mise en place d'une allocation d'études pour tous les étudiants », 19 septembre 2023, Le Monde ↩