L'Union européenne a trouvé en la Tunisie le partenaire idéal pour lutter contre l'immigration clandestine. A cet effet, les deux parties ont conclu l'été dernier un accord visant à freiner les flots incessants de migrants clandestins depuis les côtes tunisiennes vers le sud de l'Europe. Un accord qui comprend notamment une aide financière de la part de l'UE pour la Tunisie.
Un accord a été conclu le 16 juillet dernier entre la Tunisie et l'Union européenne pour lutter contre l'immigration irrégulière. Un accord composé, selon Bruxelles, de 5 piliers : « la stabilité macro-économique, le commerce et les investissements, la transition énergétique verte, le rapprochement entre les peuples, la migration et la mobilité ». Bruxelles promet également d'octroyer une enveloppe de 105 millions d'euros à la Tunisie.
Le 22 septembre, la Commission européenne a annoncé qu'elle commencerait à débourser « dans les prochains jours » les fonds prévus dans le cadre de l'accord conclu en juillet avec la Tunisie, en matière d'immigration clandestine. L'Union européenne qui fait face ces dernières semaines à une vague d'immigration sans précédent depuis les côtes tunisiennes vers l'île italienne de Lampedusa, a précisé que sur les 105 millions d'euros d'aide prévus, quelque 42 millions d'euros allaient être « alloués rapidement ». Auxquels s'ajoutent 24,7 millions d'euros déjà prévus dans le cadre de programmes en cours.
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Immigration clandestine : Le président tunisien explique les raisons du refus de l'aide européenne
Cette aide financière pour la Tunisie de la part de l'UE, pourtant bien inscrite dans l'accord conclu entre les deux parties sur l'immigration clandestine, a finalement été rejetée par le président tunisien, Kaïs Saïed. « La Tunisie, qui accepte la coopération, n'accepte pas tout ce qui s'apparente à de la charité ou à la faveur, car notre pays et notre peuple ne veulent pas de la sympathie et ne l'acceptent pas quand elle est sans respect », a déclaré le chef de l'Etat tunisien, selon un communiqué de la présidence.
«Par conséquence, la Tunisie refuse ce qu'a été annoncé ces derniers jours par l'UE », a ajouté Kaïs Saïed. Il a expliqué que ce refus n'était pas lié au « montant dérisoire (…) mais parce que cette proposition va à l'encontre » de l'accord signé à Tunis et « de l'esprit qui a régné lors de la conférence de Rome », en juillet. Enfin, le président tunisien qui avait tenu en février dernier des propos choquants sur les migrants subsahariens, a ajouté que son pays « met tout en œuvre pour démanteler les réseaux criminels de trafic d'êtres humains ».
Selon la Commission européenne, l'aide financière accordée à la Tunisie doit servir en partie à la remise en état de bateaux utilisés par les garde-côtes tunisiens et à la coopération avec des organisations internationales à la fois pour la « protection des migrants » et pour des opérations de retour de ces exilés depuis la Tunisie vers leurs pays d'origine. Ce protocole d'accord entre Tunis et Bruxelles sur l'immigration clandestine prévoit en outre une aide budgétaire directe de 150 millions d'euros en 2023 alors que le pays est confronté à de graves difficultés économiques.