Ces jours-ci, le sujet de l'immigration occupe le débat en France. Le Sénat français a décidé de durcir les conditions d'immigration et également d'instaurer une politique de quotas pour les nouveaux arrivants. Une résolution qui devra encore être entérinée par l'Assemblée nationale.
Le climat en France est donc défavorable à l'immigration. Des courants politiques font de cette question un fonds de commerce et la conjuguent à tous les temps pour justifier certaines difficultés que traverse la France. L'immigré est pour certains le bouc émissaire et la cause des malheurs. C'est dans ce contexte que les hauts fonctionnaires Olivier Piron et Jacky Richard, membres du collectif Pacte civique, ont publié une tribune dans les colonnes du quotidien « Le Monde », pour souligner l’impact positif de l’immigration sur le marché du travail français et également mettre en avant les manquements de la France vers ces "étrangers".
"Alors que la population française vieillit, c’est l’immigration qui représente désormais la majorité de l’augmentation de la population active occupée en France. Mais ce fait est laissé de côté dans l’énoncé des politiques publiques, notamment celles de l’emploi, du logement comme des retraites. Les immigrés sont les premières victimes de cet impensé, pernicieux à bien des égards", indique ces hauts fonctionnaires.
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La France est depuis longtemps une terre d’immigration, soulignent les rédacteurs de la tribune qui expliquent que la question, la place et le rôle des immigrés n'a pas été assez traitée. "Si l’immigration a augmenté de manière nette depuis vingt ans (+30 %), elle est clairement inférieure à la moyenne des autres pays européens", indiquent Olivier Piron et Jacky Richard qui expliquent par ailleurs que cette immigration "vient doper une démographie en repli. Au fur et à mesure que les baby-boomeurs partent à la retraite arrivent des générations diminuées, en moyenne de 100'000 personnes".
Qu'a fait la France en contrepartie de l'apport de l'immigration ?
"L’immigration est le fait d’une population jeune susceptible d’occuper des emplois délaissés par une population vieillissante. Par conséquent, si l’on veut répondre à la problématique de certains métiers indispensables au fonctionnement de pans entiers de notre économie (le bâtiment, la restauration, la logistique, les services ubérisés, les services d’aide à la personne…), caractérisés par une forte proportion de personnes en situation irrégulière – ou « métiers en tension » –, il faut en tirer les conséquences en matière de régularisation", plaident les rédacteurs de la tribune.
Par ailleurs, les deux membres du collectif Pacte civique affirment que "malgré l’apport effectif de l’immigration à l’économie française, les politiques publiques en la matière sont peu claires. Les comparaisons européennes montrent que la France a une attitude nettement plus restrictive que ses grands partenaires (Allemagne, Espagne), ceux-ci ayant compris depuis longtemps que l’accueil organisé des immigrés était une condition du développement économique". Ils soulignent qu'en France "les discours politiques sont, depuis 2006, clairement limitatifs. Si le délai d’attente avant une « admission exceptionnelle au séjour », selon les termes de la circulaire Valls, est de trois ou cinq ans, il oscille de fait entre sept et dix ans, comme le montrent plusieurs enquêtes récentes".
Olivier Piron et Jacky Richard concluent que "partir d’une question simple sur le rôle des immigrés dans notre économie conduit logiquement à réfléchir à leur position dans notre droit. Il est clair que la présence de plusieurs centaines de milliers d’immigrés sans papiers et hors des circuits économiques légaux devient une absurdité morale et politique qui ne doit plus avoir sa place en France". Une manière de plaider pour leur régularisation au vu de leur apport à l'économie française.
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