Les marchés pétroliers traversent une période difficile avec le recul de la demande, la chute des prix et les divergences internes au sein de l'OPEP+. À ces différends entre ses membres, l'OPEP est confrontée à une différence de visions et de prévisions avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui représente les intérêts des pays consommateurs de pétrole et du gaz.
En effet, à l'occasion de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) qui s'ouvre le 30 novembre à Dubaï, et s'achèvera le 12 décembre, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que s'en remettre à la captation de carbone était une "illusion" et que le secteur des énergies fossiles devait choisir entre l'aggravation de la crise climatique et le basculement vers le renouvelable.
Cette déclaration était suffisante pour rallumer les désaccords déjà existants entre les deux organisations, notamment en ce qui concerne l'évolution de la demande en gaz et en pétrole dans l'avenir. L'OPEP a, en effet, répliqué dans une note publiée sur son site Internet, en accusant l'AIE de diffamer l'industrie pétrolière et gazière. Elle a également accusé cette organisation qui défend les intérêts des pays consommateurs d'aggraver la crise climatique en appelant à l'arrêt des investissements dans le secteur. Ces appels mettraient la sécurité énergétique en péril et compromettraient la sécurité des approvisionnements, selon l'OPEP.
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L'OPEP accuse l'AIE de diffamation
Les griefs retenus contre l'AIE ne se limitent cependant pas à ces accusations. Pour l'OPEP, il est clair que l'AIE cherche à « restreindre les actions et les choix souverains » des pays en développement, producteurs de pétrole et de gaz, en faisant pression sur leurs compagnies pétrolières nationales.
Le secrétaire général de l'OPEP Haitham Al-Ghais a affirmé qu'il était « ironique que l'AIE, une agence qui a régulièrement modifié ses discours et ses prévisions ces dernières années, s'adresse désormais à l'industrie pétrolière et gazière et déclare qu'il s'agit d'un moment de la vérité ». Il a ajouté que la manière dont l'AIE « a malheureusement utilisé ses plateformes de médias sociaux ces derniers jours pour critiquer et instruire l'industrie pétrolière et gazière est pour le moins peu diplomatique. L'OPEP elle-même n'est pas une organisation qui prescrirait aux autres ce qu'ils devraient faire. Cela vilipende en outre injustement l'industrie, accusée comme étant à l'origine de la crise climatique ».
« Dans un monde où davantage de dialogue est nécessaire, pointer du doigt (l'OPEP) n'est pas une approche constructive. Il est important de travailler en collaboration et d'agir avec détermination pour garantir que les émissions soient réduites et que les gens aient accès aux produits et services énergétiques dont ils ont besoin pour mener une vie confortable. Ces deux défis ne devraient pas être incompatibles », a encore affirmé M. Al-Ghais.