Conditions d'accueil des harkis : la France condamnée par la Cour européenne

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a rendu son jugement contre la France, la condamnant pour les conditions de vie indignes que les harkis ont connues dans les camps d'accueil après l'indépendance de l'Algérie.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, les harkis, ces Algériens qui avaient combattu aux côtés de la France lors de la guerre de libération nationale, ont été accueillis dans des camps d'accueil sur le territoire français. Le camp de Bias, dans le Lot-et-Garonne, est connu pour les conditions déplorables et inhumaines dans lesquelles ils ont été hébergés : promiscuité, manque d'hygiène, accès insuffisant à l'éducation et à la santé.

Dans une décision rendue publique, la Cour européenne a fermement condamné la France pour les conditions de vie désastreuses auxquelles ont été soumis les harkis dans les camps d'accueil dans les années 1960 et 1970, qualifiant ces traitements d'incompatibles avec le respect de la dignité humaine. La CEDH a statué que ces conditions de vie constituaient une violation des articles 3 et 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme, qui protègent les individus contre les traitements inhumains ou dégradants et garantissent le droit au respect de la vie privée et familiale.

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Cinq harkis, dont quatre nés en France après 1962 et ayant vécu dans le camp de Bias jusqu'en 1975, avaient intenté une action en justice. La France avait reconnu sa responsabilité et versé une indemnisation de 15'000 euros à chacun. La CEDH a jugé cette somme insuffisante, soulignant qu'elle ne correspondait pas aux standards habituels dans des cas similaires. La Cour a condamné la France à verser des indemnités supplémentaires de plus de 19'500 euros à quatre des requérants.

Le cas du cinquième requérant, arrivé en France en 1980 et dont le père avait été exécuté pendant la guerre en 1957, n'a pas été retenu par la Cour. Mais pour les associations des harkis, la condamnation de la France par la CEDH constitue une étape importante dans la reconnaissance des injustices subies par ces supplétifs de l’armée française et leurs enfants.


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