L'introduction de l'euro numérique par l'Union européenne pourrait signifier la fin du marché noir des devises en Algérie. Cette initiative, envisagée entre 2027 et 2028, vise à remplacer progressivement les espèces en euro par une version numérique, réduisant ainsi la circulation de l'argent liquide et limitant les transactions en espèces.
En Algérie, le marché noir des devises prospère en raison de la prédominance des transactions en espèces, notamment pour les échanges impliquant l'euro. Cette pratique clandestine échappe au contrôle des autorités et alimente des circuits informels, générant des distorsions économiques et des manques à gagner pour l'Etat.
L'avènement de l'euro numérique dans 3 à 4 ans, pourrait porter un coup fatal à ce marché parallèle. En effet, avec la transition vers une monnaie numérique, les transactions en espèces, particulièrement celles impliquant l'euro, deviendraient obsolètes. Les voyageurs ne pourraient plus ramener des billets de banque en euros dans le pays, l’argent étant automatiquement transféré sur leur compte bancaire à leur arrivée.
Les autorités algériennes ont longtemps annoncé leur intention d'éradiquer ce marché noir, en vain. Cependant, l’hypothèse, avancée par le Dr. Kamel Dib, professeur en économie, paraît plausible. Elle repose sur les récentes décisions de la Banque centrale européenne, notamment celles de sa présidente, Christine Lagarde, visant à éliminer progressivement l'utilisation des espèces au sein de l'Union européenne.
Euro numérique et marché noir : Des incertitudes persistent
Selon Kamel Dib, "la première répercussion de l’adoption de l’euro numérique sur l’économie algérienne, c’est la disparition du marché noir des devises, en particulier le change de l’euro". Il explique qu'après l'adoption de l'euro numérique, "pour échanger cette monnaie, le processus ne sera possible qu’à travers un change électronique, avec un taux fixé par la banque centrale. Il n’y aura donc pas cet écart entre le change officiel et parallèle", indique-t-il
Néanmoins, malgré les promesses de l'euro numérique, des incertitudes persistent quant à sa mise en œuvre effective et à ses implications concrètes en Algérie. Les modalités techniques, l'impact sur l'inclusion financière et les questions de souveraineté monétaire font l'objet de débats entre les pays concernés.
Il importe de souligner que le projet de transition vers une monnaie numérique n'est pas une idée nouvelle. En effet, la Banque centrale européenne s'inscrit dans une tendance mondiale de dématérialisation des paiements, une réponse aux évolutions technologiques et à l'émergence de cryptomonnaies privées. En renforçant l'autonomie et la souveraineté de l'Europe dans le domaine financier, l'euro numérique représentera un pas de plus vers l'avenir numérique des transactions monétaires.
