À Paris, un centre médical accueillant des étrangers sans-papiers va fermer ses portes cet été pendant le déroulement des Jeux olympiques. De nombreuses personnes fréquentant ce centre médical, géré par l’ONG Médecins du Monde, se retrouvent sans solution pour se faire soigner pendant le déroulement de cet évènement sportif.
Implanté à Saint-Denis, près de Paris, ce centre de santé de l’ONG Médecins du Monde va fermer cet été. Habitué à accueillir des personnes défavorisées et de nombreux sans-papiers, le centre géré par l’ONG Médecins du Monde, sera fermé pendant les Jeux olympiques Paris 2024. La décision de fermeture a été prise par l’ONG en charge du centre pour ne pas « exposer » ses patients à la recrudescence attendue des contrôles policiers lors des JO de Paris 2024.
Du 1er juillet au 14 septembre 2024, ce centre médical, qui accueille principalement des patients en situation irrégulière, sera donc fermé. « C'est une décision très lourde, mais on ne peut pas exposer les sans-papiers au risque d'arrestation », explique à l'AFP Matthieu Dréan, responsable du centre. En temps normal, cette structure est capable d’accueillir 4000 personnes par an, dont de très nombreux migrants qui souhaitent avoir accès à des soins dans le cadre de l'aide médicale d'État (AME).
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Situé à moins de deux kilomètres des sites majeurs des JO de Paris, dont le Stade de France et les bassins olympiques, ce centre médical est au cœur de l’évènement malgré lui. Les bénévoles de ce centre observent « une présence policière accrue » dans la rue, rapporte l’AFP. Pour protéger l’évènement sportif qui se déroulera du 26 juillet au 8 septembre (en incluant les Jeux paralympiques), près de 45'000 policiers et gendarmes sont mobilisés. Ils seront épaulés par 18'000 militaires.
La fermeture du centre aura des conséquences sur la santé des sans-papiers
Si deux autres sites seront temporairement ouverts dans le même département, à Pantin et Bobigny, l'ONG Médecins du Monde craint que des patients sans-papiers présents en France depuis moins de trois mois pour la moitié d'entre eux, choisissent de ne pas se faire soigner. « Déjà en temps ordinaire on a des gens très méfiants qui rasent les murs et qu’il faut rassurer. On a peur aujourd’hui qu’ils renoncent à se faire soigner et ne reviennent pas », s’inquiète Agnès, bénévole à l’accueil.
« Dans la très grande majorité », ces migrants n'ont vu aucun médecin en France avant, constate l’ONG « Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, il y a un réel enjeu de morbidité, et pour ceux qui ont besoin d'un accompagnement psychologique, c'est une forme d'abandon », déplore la médecin Isabelle Pipien. L’après Jeux olympiques permettra de mesurer les conséquences de la fermeture du centre sur la santé de ces migrants. « La rentrée de septembre nous inquiète au plus haut point », prévient M. Dréan, responsable du centre.