Les dirigeants de la Fédération internationale de boxe (IBA) qui remettent en question le sexe de la championne algérienne Imane Khelif, semblent avoir été pris de cours par la qualification de la boxeuse de Tiaret à la demi-finale des Jeux olympiques de Paris (JO 2024). Ils ont organisé dans la plus grande précipitation une conférence de presse à Paris pour expliquer les raisons qui les poussent à demander la disqualification d'Imane Khelif et de la Taiwanaise Lin Yu-ting.
À Paris, il a fallu aux responsables d'une société d'évènementiel et de conseil de faire des pieds et des mains pour trouver une salle appelée à abriter cette rencontre avec la presse. Sous couvert d'anonymat le responsable de cette société en a parlé avec le quotidien sportif L'Équipe. « Nous leur avons répondu que ce n'était pas possible en plein mois d'août de trouver au dernier moment un salon et des traducteurs, surtout pendant les Jeux. Ils ont insisté, car ils voulaient profiter de la présence de tous les gros médias présents aux Jeux. Et lundi, c'était la seule journée de repos pour la boxe », a-t-il confié.
L'IBA organise une conférence de presse dans la précipitation
Plusieurs dizaines de journalistes, dont de nombreux Algériens et Américains, étaient présents dans la salle qui accueillait, lundi 5 août, le secrétaire général de l'IBA, Chris Roberts, le représentant des coaches de la Fédération, Gabriele Martelli. Mais c'est en visioconférence que le très controversé président de l'IBA, Umar Kremlev, était intervenu lors de cette conférence de presse des plus insolites. Une conférence qui a eu lieu avec un seul maître-mot ; l'hyperandrogénie d'Imane Khelif et de Lin Yu-ting qui fait d'elles des hommes qui ne doivent pas combattre en boxe féminine.
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« Les résultats des analyses de 2022 étaient peu concluants, aussi une nouvelle prise de sang a été faite juste avant le début des Mondiaux 2023. Les résultats sont arrivés après les demi-finales. Deux des boxeuses présentant des chromosomes pas en conformité avec les règlements de l'IBA, il a été décidé de les retirer de la compétition. Ces résultats ont été communiqués au Comité international olympique qui n'en a pas tenu compte », a fait savoir le SG de l'IBA. Jusque là, il n'y a rien de nouveau dans le discours de cette Fédération controversée.
Mais le Dr Ioannis Philippatos a fait une intervention lunaire devant les questions de certains journalistes qui demandaient plus de précisions. « Parfois, on ne peut pas tout dire. Je dis que les résultats médicaux sanguins nous ont dit que ces boxeuses sont des hommes », a-t-il répondu, ajoutant, en réponse à une autre question d'un journaliste sur le fait qu'elles soient nées femmes : « je n'étais pas là le jour où elles sont nées. Les résultats du laboratoire montrent qu'elles ont des caryotypes masculins ».
Le président de l'IBA s'acharne contre Imane Khelif et Thomas Bach
Sur un grand écran, le Russe Umar Kremlev a donné une tournure politique à la conférence de presse. Il s'est attaqué à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris qu'il a trouvé « dégoûtante », avant de s'en prendre violemment à Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO), qu'il accuse de détruire la boxe féminine pour avoir autorisé Imane Khelif et Lin Yu-ting de prendre part aux JO de Paris. Dans sa violente salve, Umar Kremlev, qu'on dit proche de Vladimir Poutine, a appelé à l'ouverture d'une enquête pour montrer que le CIO était corrompu.
C'est ce qui a amené l'IBA à exclure Imane Khelif et Lin Yu-ting de la finale des championnats du monde de boxe en 2023 en Inde, alors qu'elles avaient combattu tous les tours précédents. Une exclusion dénoncée par les supporters d'Algérie et du Taipei chinois (Taiwan) ainsi que le Comité international olympique (CIO) comme un acte injustifié.
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Ce même CIO qui a animé une conférence de presse, le samedi 3 août, n'a pas manqué de s'insurger contre la stigmatisation des deux boxeuses, même si la campagne était principalement dirigée contre la championne algérienne Imane Khelif. Lors de cette rencontre avec la presse, Thomas Bach a été ferme dans ses propos et est allé jusqu'à dénoncer une campagne politique de haine ayant ciblé Imane Khelif.
Le CIO soutient Imane Khelif de façon ferme et déterminée
« Nous avons deux boxeuses qui sont nées femmes, qui ont été élevées comme des femmes, qui ont des passeports de femmes et qui ont concouru en tant que femmes pendant des années. C’est une définition claire d’une femme. Il n’y a jamais eu le moindre doute à ce sujet », a clairement tranché le président du CIO lors de cette conférence de presse, en ajoutant : « mais nous ne contribuerons pas à des débats politiques, et les discours de haine sur les réseaux sociaux sont inacceptables ».
En tout état de cause, Imane Khelif s'est qualifiée à la demi-finale du tournoi de boxe des JO 2024 en passant facilement l'écueil italien, avec Angela Carini, (par abandon) et hongrois Luca Anna Hamori (5-0). En se qualifiant au dernier carré de ce tournoi de boxe, Imane Khelif a assuré à l'Algérie une médaille dont la couleur sera connue au fur et à mesure de son parcours. C'est ce mardi soir, à 21h34 qu'elle affrontera la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng, au stade Roland-Garros de Paris.
Une boxeuse algérienne humilie les dirigeants de l'IBA
Imane Khelif peut toujours compter sur le public algérien qui fera le déplacement et la soutiendra autour du ring. Mais elle compte déjà sur son amie Romaïssa Boualem, une boxeuse de la délégation algérienne, qui n'a pas manqué de s'introduire à la conférence de presse de la Fédération internationale de boxe (IBA), pour exprimer son soutien à la championne algérienne. Elle finira par humilier, sans le vouloir, tous les animateurs de la conférence de presse de l'IBA, y compris son président Umar Kremlev et tous ses autres dirigeants présents.
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En effet, en pleine conférence de presse, Romaïssa Boualem est entrée avec le drapeau algérien sur ses épaules. Plusieurs journalistes ont tourné le dos aux conférenciers pour aller interviewer et écouter l'autre boxeuse algérienne qui n'a pas manqué de prendre la défense de son amie Imane Khelif. Les alentours de la tribune des conférenciers de l'IBA étaient devenus désespérément vides. L'humiliation était visible à l'œil nu sur les visages des conférenciers qui ne comprenaient pas le désintérêt que leur ont montré les journalistes qui se sont agglutinés autour de Romaïssa Boualem.
