L’ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, a fustigé les islamistes dans une nouvelle contribution postée sur sa page Facebook, le 13 mars. Le leader démocrate a alerté sur la volonté des islamistes à effacer et se dédouaner de leurs responsabilités par rapport aux massacres qui ont eu lieu pendant la décennie noire.
Ainsi, Saïd Sadi n'est pas allé avec le dos de la cuillère. Il a tenu à rappeler le rôle des islamistes, notamment le mouvement Rachad, dans le période du terrorisme qu’a traversée l’Algérie. Le leader démocrate revient sur la première année du hirak et explique qu’« il est interdit de parler idéologie – entendre principes démocratiques- et il doit être admis que l’islamisme n’est en rien impliqué dans les crimes de masse des années 90. Cette ligne a un promoteur : l’organisation Rachad avec ses connexions internationales, ses ressources financières, ses relais médiatiques, ses méthodes et ses objectifs ».
Les accointances de Rachad avec des officines étrangères
Saïd Sadi affirme que « les membres de Rachad, y compris ceux qui s’improvisent commentateurs ou tuteurs de la révolution, sont, pour la plupart, des participants assidus des conférences de l’islamisme international ( Europe, Turquie, Qatar…) ». Il ajoute que même si « ce n’est pas interdit », il est important que « l’opinion publique connaisse les sources qui dictent ou inspirent les idées de tout un chacun ».
L’ancien président du RCD révèle que Rachad « dispose de moyens financiers lui permettant d’enrôler des agents assumés ou des supplétifs masqués qui activent quotidiennement à partir de l’étranger. Avec l’avènement du 22 février, le mouvement tente, pour l’instant, sans grand succès, de construire des réseaux en Algérie ». Il alerte sur la volonté du mouvement de distiller « inlassablement une idéologie islamiste radicale dont l’obsession première est la stigmatisation ou le brouillage politique de toute initiative invitant à la clarification démocratique ».
Saïd Sadi souligne que « la démarche de Rachad emprunte beaucoup aux factions fascisantes des années trente où les apprentis dictateurs investissaient la sphère publique avec un discours jouant sur tout ce que peut offrir la légalité républicaine sans s’interdire de semer des allusions pouvant provoquer des opérations plus expéditives quand les opportunités le permettaient. Des militants ou des sympathisants passant à l’acte sont toujours les bienvenus lorsqu’il faut faire taire " l’impie ou le mécréant" ».
Complicité de Rachad dans le lynchage d’intellectuels et rôle d'Al Maghribia
Le leader du RCD a étayé son analyse par des exemples d'intellectuels lynchés pour leurs positions vis-à-vis de l’islamisme. Il rappelle le cas de l’écrivain Kamel Daoud, menacé de mort il y a quelques années « sans que Rachad n’ait pas pensé à dénoncer ou, au moins, à se démarquer de cet acte criminel», ou encore Amine Zaoui, qui « après avoir été expressément désigné sur la toile par le propagandiste attitré de Rachad, comme un égaré de la Oumma », il fait « présentement l’objet d’un ignoble lynchage ». Et « aujourd’hui comme hier, Rachad ne trouve rien à redire à ces appels au meurtre », écrit-il.
L’ancien président du RCD s’est aussi exprimé sur son agression à Marseille. « Les deux nervis qui m’ont agressé à Marseille au mois de novembre sont, pour l’un, un des conférenciers officiels de Rachad et, pour l’autre, un affidé qui répercute ses préceptes. Tous les sites web ou les télévisions islamistes, à commencer par Al Maghribia, se sont fait un devoir de relayer leurs mensonges et de saluer deux ''citoyens'' qui ont interpellé un ''éradicateur''. A Paris, Place de la République, nous nous contenterons de citer ce jeune ayant osé apporter la contradiction aux éléments de cette obédience et qui a été suivi avant d’être molesté. »
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Complicité de Rachad avec l'armée
Saïd Sadi a aussi mis en avant le double discours des islamistes. Il explique que « pendant que ses activistes dénonçaient l’emprise militaire sur le pays, Rachad établissait des contacts étroits et suivis avec l’ancien chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, sans que les citoyens n'aient été, à un moment ou un autre, informés de ces tractations. Rien ne dit d’ailleurs que les bruyants ''adversaires des généraux'' ne se sont pas reconnectés à l’Armée depuis le décès de leur partenaire privilégié. Rachad ne cherche pas à changer de système. Il veut le récupérer à son profit ».
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