Algérie : La prise en charge des patients à l’hôpital de Boufarik suscite la polémique

Ce qui semblait être une action de protestation contre le chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital de Boufarik et du directeur du CHU de Blida pourrait être le début d'une guerre inter-syndicale. C'est ce qui ressort du communiqué du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) qui défend son président qui se trouve être le chef de service ciblé par les critiques et l'action de protestation de jeudi 26 mars.

« La genèse remonte au passage en phase 3 de l’épidémie, lorsque les capacités du service de maladies infectieuses de l’EPH de Boufarik, commençaient à être débordées. Le responsable du service (Dr Mohamed Yousfi, président du SNPSSP, Ndlr) a demandé la mobilisation de ressources supplémentaires en termes de lits et de personnels à partir des autres services de l’établissement pour faire face à l’épidémie. Une première réaction de peur et de panique chez certains personnels concernés a entraîné une avalanche d’arrêts de travail. Les autres personnels restés en poste ont d’emblée manifesté des réticences à s’intégrer dans le dispositif de prise en charge », indique le SNPSSP dans son communiqué.

Donc, certains membres du personnel de la santé refusaient travailler au service d'infectiologie qui prenaient en charge les malades atteints du Covid-19. Dans le même sillage, le syndicat des spécialistes évoque la journée du jeudi 26 mars qui devait voir le personnel observer une minute de silence à la mémoire de leur collègue ambulancier, décédé des suites du Covid-19.

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Une « escalade dangereuse » à l'EPH de Boufarik

Le SNPSSP qualifie cette action d'escalade dangereuse. « Au dernier moment, cette minute de silence a été détournée en une action de protestation, menée par des personnels des autres services qui refusaient d’être associés à la prise en charge de l’épidémie, contre la personne du chef de service des maladies infectieuses, considéré comme étant la source de leur malheur. Lequel chef de service se trouve être par ailleurs le président du SNPSSP » est-il précisé dans le communiqué.

Et pour cette organisation syndicale, cette attaque contre son président est l'oeuvre d'un syndicat rival. Elle considère que la réaction de peur et de panique de certains membres du personnel, a été instrumentalisé par des syndicats rivaux qu'elle ne cite pas. « Sans aucun égard pour le contexte », s'insurge le SNPSSP qui dénonce l'abandon que vit l'équipe des maladies infectieuses. Ce qui a amené la direction de l'EPH à lancer un appel à des volontaires de l'extérieur pour faire face à l'épidémie.

Le président du SNPSSP dénonce la fuite des personnels face au coronavirus

De son côté, le président du SNPSSP Mohamed Yousfi a évoqué le problème dans un entretien avec le site TSA. Il dénonce ceux qui « ne veulent pas travailler ». « Ailleurs, les professionnels de la santé sont solidaires et viennent eux-mêmes proposer leurs services. Malheureusement, on se trouve seuls et au fur et à mesure qu’on demande au directeur de mettre à notre disposition les autres personnels, on a constaté une multiplication des arrêts de travail et des mises en disponibilité et des personnels qui fuyaient le coronavirus, c’est cela le problème », accuse-t-il, par ailleurs.

Le mouvement de protestation n'est pas l'oeuvre du personnel de son service, estime le Dr Yousfi. « Ce sont des personnels qui n’ont rien à voir avec moi et qui demandent mon départ. Ce sont des adhérents des syndicats UGTA, du SAP (Syndicat algérien des paramédicaux), du SNPSP (Syndicat national des praticiens de santé publique) qui n’ont rien à voir avec moi. Ces représentants travaillent dans d’autres services qui ne sont pas sous ma responsabilité. Ce sont ceux-là qui ont mobilisé du personnel pour dire que c’est Dr Yousfi qui est le problème. Pensez-vous que c’est le moment ? C’est grave et immoral », assène-t-il avec une certaine amertume.

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« Dans d’autres pays, tous les personnels sont mobilisés et se sont mis à disposition pour combattre l’épidémie. Alors que chez nous, on se retrouve avec des médecins et infirmiers qui fuient le coronavirus et qui nous considèrent comme des pestiférés », ajoute enfin le Dr Yousfi.

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