Algérie : L'histoire poignante d'une Malienne victime de racisme agite la toile

Racisme en Algérie

Dans le contexte actuel marqué par des manifestations antiracistes aux USA, suite au meurtre de Georges Floyd, un Afro-américain tué par quatre policiers, un témoignage d'une jeune Malienne sur le racisme en Algérie a refait surface et inonde la toile. Aïcha a relaté dans son témoignage, recueilli par la réalisatrice Leila Saadna dans le cadre d'un travail documentaire axé sur une série de témoignages similaires, le calvaire qu'elle a vécu en Algérie pendant son parcours universitaire.

La jeune Malienne, âgée de 28 ans au moment du témoignage, est venue en Algérie pour poursuivre ses études. Elle explique : "Je suis venue du Mali pour mes études. C’est ma famille qui a choisi l’Algérie. Je voulais aller aux Etats-Unis ou au Canada, mais mes parents préféraient m’envoyer dans un pays musulman. Pour moi, l’important, c’était d’être libre et indépendante".

Aïcha témoigne que dès son arrivée, elle a été choquée par l’accueil qui lui a été réservé : "Ils nous dévisageaient, nous pointaient du doigt et quelqu’un a crié : « welcome to Algeria, kahloucha ! ». Je me rappelle très bien de ce mot, je ne savais pas encore que c’était une insulte".

Calvaire à la cité universitaire

La jeune Malienne continue dans son récit en relatant des situations où elle a été victime de propos racistes, notamment le jour de son arrivée à la cité universitaire. Elle raconte : "Le jour de mon arrivée à la cité U, c’était pareil, on nous huait".

Par ailleurs, Aïcha narre avec des mots durs son vécu en dehors de la cité universitaire. "Dans la rue, j’étais coiffée en afro, un jeune m’a mis une cigarette dans les cheveux. Ça les a brûlés et ça a fait un trou. Une vieille dame est venue m’aider à stopper la flamme. Tout le monde rigolait. Je suis rentrée en courant, je pleurais. C’est alors que quelques filles sympas m’ont appris à insulter en algérien", confie-t-elle. Elle ajoute : "Plus je sortais dehors, plus je me faisais agresser, insulter ou frapper. Tout le temps, c’était : « kahloucha » (la Noire, péjoratif)", ainsi que d'autres insultes que nous n'osons pas reproduire ici.

Aïcha tente de se suicider

La jeune Malienne a très mal vécu la situation : "Je suis rentrée dans une dépression terrible, le début de la folie. Je me promenais avec des bâtons pour me défendre". Elle a même fait une tentative de suicide.
Néanmoins, l'étudiante assure que l'administration était présente. Elle témoigne qu'"on peut porter plainte contre ceux qui nous agressent et l’administration les sanctionne jusqu’à un an d’exclusion".

Aïcha ajoute que cette même administration "ne fait rien pour sensibiliser les étudiants, à part nous partager par groupe de travail pour qu’on se mélange aux Algériens. Elle veut qu’on s’intègre, mais eux ne veulent pas d’intégration. Beaucoup de filles ont vécu du racisme même avec les profs. Une enseignante a demandé à une fille : « Tu es un homme ou une femme ? Pour les Noirs, je n’arrive pas à faire la différence »".

Ce témoignage est loin d’être un cas isolé. En effet, lors de l'élection de Khadidja Benhamouau Miss Algérie 2019, la jeune fille d'Adrar a été victime d'une campagne de dénigrement et d'insultes racistes sur les réseaux sociaux. Un acharnement auquel beaucoup d'Algériens ont répondu par des milliers de messages de solidarité, soulignant "la beauté" ainsi que l’"africanité" de l’Algérienne". Il faut rappeler que les autorités ont décidé de légiférer afin de mettre fin à la recrudescence du discours de haine et de racisme, notamment à travers les réseaux sociaux.

Lire aussi : Accusée de racisme : Naïma Salhi risque t-elle la prison ?

Laisser un commentaire

Retour en haut
Share via
Copy link