Abdelmadjid Chikhi invite Paris et Alger à « regarder en face » leur histoire

Montage : Abdelmadjid Chikhi sur fond des drapeaux de l'Algérie et de la France

Abdelmadjid Chikhi, conseiller auprès de la présidence de la République chargé des archives et de la mémoire nationales, s’est exprimé une nouvelle fois sur le dossier mémoriel entre l’Algérie et la France. Dans un entretien accordé, lundi 28 décembre, au journal français Le Monde, le directeur des archives algériennes invite Paris et Alger à « regarder en face » leur histoire.

Abdelmadjid Chikhi a insisté sur la restitution « intégrale » des « originaux » des archives rapatriées en France après l’indépendance de 1962. Une exigence cruciale pour l'Algérie. Il admet, néanmoins, que certains documents relevant de la « sécurité de la France » puissent faire l’objet d’une discussion « au cas par cas ».

Sur l’ouverture à la discussion de la question mémorielle entre les deux pays, dont il est chargé côté algérien pour servir d’interlocuteur à l’historien Benjamin Stora, sollicité par Emmanuel Macron pour élaborer un rapport sur la question, Abdelmadjid Chikhi juge qu’il s’agit là d’une « très bonne initiative ». Car « on ne peut pas faire durer des situations qui empêchent les deux pays, les deux peuples, de se regarder en face », a-t-il déclaré. « Il faut essayer de dépasser cette situation, quelle que soit la douleur ressentie de part et d’autre. Encore faut-il savoir ce qu’on entend par ''mémoire'' et ''gestion de la mémoire'' », a-t-il néanmoins précisé.

Le conseiller auprès de la présidence de la République chargé des archives et de la mémoire nationales appelle, donc, à résoudre les différends mémoriaux, « afin que les deux pays débutent une nouvelle vision des choses, c’est-à-dire se projettent dans l’avenir sans oublier l’histoire et en essayant de la faire vivre ».

« Notre histoire a été effacée pendant un temps. On a essayé de nous faire porter un habit qui n’est pas le nôtre. Et la fatalité des choses veut que, quand on chasse le naturel, il revient au galop. Le peuple algérien a été malmené, réprimé, bafoué dans ses droits. Ça laisse des traces. Que faire ? On ne va quand même pas, à chaque moment, déterrer la hache de guerre et recommencer à guerroyer par les paroles et les campagnes médiatiques. Il faut essayer, avec Benjamin Stora, de tracer des voies d’entente, de coopération », a-t-il expliqué.

Le directeur des archives algériennes souligne, enfin, qu’un « gros travail reste à faire en France. Il doit être fait dans la société française dans son ensemble. Nous sommes soumis à des campagnes parfois très dures sur des slogans qui n’ont plus leur raison d’être ».

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