L’ampleur des dégâts, humains et matériels, causés par les incendies qui ont ravagé la semaine passée la Kabylie a mis encore une fois à nu la carence des pouvoirs publics, quant à la politique de prévention et de gestion des catastrophes naturelles. De l’avis de nombreux spécialistes, le lourd bilan des morts enregistrés lors de ces incendies devra inciter les services de l’État à revoir leur politique en matière de sécurité civile.
Dans un entretien accordé ce jeudi 19 août au site TSA, Ahmed Alileche, conservateur principal au Parc national du Djurdjura (PNA) dans la wilaya de Tizi-Ouzou, est revenu sur le désastre qui avait frappé la Kabylie, la semaine passée, avec son lot macabre de pertes humaines et d’importants dégâts matériels.
« La difficulté d’intervention n’a pas permis de lutter efficacement contre l’avancée des feux »
« La difficulté d’intervention, eu égard à la canicule qui a sévi durant cette quinzaine de jours avec des vents chauds et violents, n’a pas permis aux forces d’intervention de lutter efficacement contre l’avancée des feux », affirme Ahmed Alileche.
« La vitesse du feu qui dépend étroitement des conditions météorologiques […] n’a laissé aucune chance aux corps forestiers et aux sapeurs-pompiers, lesquelles parties ont été vivement assistées par l’engagement sans faille par une population terriblement terrifiée, de lutter efficacement », ajoute-t-il.
Selon Ahmed Alileche, « ces sautes de feu ont pris au dépourvu les moyens de lutte actionnés et le changement aléatoire de l’axe du feu qui passe d’un feu ascendant à un feu descendant et inversement, a rendu parfois caduque l’intervention ».
« Même la communication de crise n’a pas été au rendez-vous »
Pour le conservateur principal au Parc national du Djurdjura (PNA) « ce qui a irrité la population a trait aux moyens d’intervention qui étaient très limités ou plutôt rudimentaires. Des pelles, des branches d’arbres, des pompes dorsales et des moyens de pompiers quasiment inaptes à faire face à des feux déferlants ».
« L’arrivée tardive des hydravions (canadairs) et des hélicoptères bombardiers d’eau (HBE) a tourmenté la population livrée à elle-même. D’ailleurs, même la communication de crise n’a pas été au rendez-vous […] Normalement, dans de telles circonstances, l’État devrait diffuser toute l’information et à des heures régulières de la journée pour rassurer la population », explique-t-il.
« On ne laisse pas une population livrée à elle-même »
Un autre point qui demeure confus et suscite des interrogations selon Ahmed Alileche est celui relatif à « l’alerte et l’ordre d’évacuation des populations qu’il fallait décider en toute fermeté par les autorités, dans de pareilles circonstances. On ne laisse pas une population livrée à elle-même face à des feux d’une rare puissance ! » souligne-t-il. « Certes, chaque été, des feux de forêt éclatent par-ci et par-là, mais à voir l’ampleur des dégâts qui dépassent, cette fois-ci, tout entendement, il est difficile de ne pas céder à des interrogations sans réponses immédiates », ajoute-t-il au même média [archive].