Le Maroc s'est récemment engagé à poursuivre sa collaboration avec son voisin algérien sur le plan économique, et a donné son accord au maintien sur son territoire du gazoduc reliant les gisements d'Algérie à l'Europe. L'Algérie n’a pas tardé à répondre aux autorités marocaines, à travers des « experts » qui se sont exprimés sur cette question par le biais de l'Agence de presse officielle APS.
Alors que le contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME), reliant l’Algérie à l'Espagne via le Maroc, arrive à son terme le 31 octobre 2021, les autorités marocaines se disent favorables au maintien de ce gazoduc au delà de cette date. « Le Maroc est pour le maintien du Gazoduc Maghreb Europe (GME), dont le contrat arrive à son terme le 31 octobre 2021 », a affirmé, en effet le 19 août, la Directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) marocain, Amina Benkhadra.
Le soutien du Maroc au maintien du GME, « pur mensonge » ?
Toutefois, pour les autorités algériennes, « le supposé soutien du Maroc » au maintien du Gazoduc Maghreb Europe (GME), « exprimé récemment par le Makhzen via un haut responsable marocain », relève du « pur mensonge, par ailleurs partagé par le souverain Alaouite », ont estimé le 21 août des experts algériens à l'agence officielle APS.
« Même s'il n'est pas à son premier mensonge, en s'aventurant sur le terrain économique en général et gazier en particulier, qui semblent lui être méconnus, le Makhzen commet deux autres mensonges », ont relevé ces experts, en s'interrogeant : « sur quoi reposent ses déclarations mensongères ? ». D'abord, soutiennent-ils, s'agissant du gazoduc GME, « l'Algérie, en toute souveraineté et autonomie de décision, n'a toujours pas décidé de le reconduire à l'expiration du contrat qui encadre son économie en octobre 2021 », ont-ils souligné.
Le Maroc perdant si l'Algérie ferme le gazoduc GME ?
Ensuite, les experts relèvent avec force « l'intérêt quasi exclusif » que tire le Maroc au passage de ce gazoduc vers l'Europe, sachant qu'il « pompe 800 millions de m³ de gaz pour ses besoins qui viennent s'ajouter aux royalties qu'il prélève au titre du "droit de passage" du gazoduc », ont-ils soutenu. « On comprend ainsi son insistance à accroître ses capacités », analysent les experts, tout en rappelant que l'Algérie exporte également du gaz par un autre canal totalement nouveau, à savoir le gazoduc Medgaz à partir de Beni Saf.
Il faut dire que le Maroc aura beaucoup à perdre dans le cas où le contrat de ce gazoduc n'est pas renouvelé. En effet, en ne renouvelant pas la concession du gazoduc Maghreb-Europe, le Maroc risque de perdre deux gros avantages : le droit de péage de 7 % qui représente environ 200 millions d'euros par an, et la quantité de gaz dont il tire profit du fait du transit via le gazoduc.