Un écrivain algérien lauréat du Prix international de la laïcité

Les Algériens continuent à se faire distinguer à travers le monde dans différents domaines. De la technologie à la médecine, en passant par les arts et le sport, plusieurs Algériens se sont vus attribuer des prix et des distinctions en récompense à leurs talents ou leurs travaux. Cette fois, c’est à l'écrivain algérien d’expression française Kamel Daoud de se distinguer, en recevant le Prix international de la laïcité 2020.

Le Prix international de la laïcité, décerné depuis 2003 par le Comité Laïcité République « vise à récompenser des personnalités qui, par leurs engagements en faveur de la laïcité, ont contribué activement à la défense et à la promotion de ce principe universel », peut-on lire dans la présentation. Et pour l’édition 2021, c’est l’écrivain, journaliste et chroniquer algérien Kamel Daoud qui a été distingué par le jury.

L'écrivain algérien Kamel Daoud lauréat du Prix international de la laïcité

La cérémonie de remise du Prix international de la laïcité 2020 et 2021 s’est déroulée le 10 novembre dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris en présence du lauréat, qui a tenu à l’occasion un discours dont le texte et la vidéo ont été publiés sur le site du Comité Laïcité République, sous le titre « Laïcité, le sens d’un mot ».

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« Le sens d’un mot n’est jamais arrêté pour toujours. On le sait par les dictionnaires, mais aussi par nos vies, par nos savoirs et par nos enquêtes sur le pouvoir si mystérieux de la langue. Le sens d’un mot procède de l’histoire, du siècle ou de l’usage. Il glisse, change, surprend et s’approprie des parentés invraisemblables et se contamine par l’exotisme ou l’inconnu. C’est alors que d’une époque à l’autre, il désigne ce pourquoi il n’est pas né et ce qu’il va aider à faire naître », affirme Kamel Daoud.

Kamel Daoud appelle à défendre le mot « laïcité » de ceux « qui ont des prénoms de dieux » et des « projets de dictatures »

Pour Kamel Daoud, « dans le monde dit "arabe", la laïcité a mauvaise presse ». « Voulues par l’adversité intolérante, les radicalités traitres. Ce sont les intégrismes et les terrorismes qui le définissent, s’accaparent ce mot, et d’autres encore dans leur lente et sournoise conquête du réel. Les fascismes savent que le premier acte est celui de l’appropriation de la langue et sa perversion. Les totalitarismes vécus nous l’ont prouvé si bien, si tragiquement. Alors ce mot, que signifie-il ailleurs ? » s’interroge l’écrivain algérien.

« Voilà le sens que lui donnent ceux qui veulent en tuer le sens et nous avec : traitrise, islamophobie, athéisme, croisade…etc. Séparer religion et politique est le cauchemar de ceux qui ont des prénoms de Dieux. Et des projets de dictatures. Donc ce mot est à défendre. Dans son sens essentiel, partagé, vécu, prouvé », poursuit l’auteur de Meursault, contre-enquête.

Kamel Daoud en défenseur de la laïcité

« Il dépend de l’histoire, mais aussi de chaque jour. Il a le sens de nos générosités et de nos peurs. J’aime y mettre mon espoir de voir chacun poursuivre son chemin intime, dans sa liberté, sans imposer à l’autre la vérité qui n’est jamais humaine. J’aime croire que le sens de ce mot peut définir mon rêve de l’humain et du bonheur », ajoute-t-il.

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« J’aime croire que c’est la seule voie possible pour que les religions ne nous soient pas meurtrières et que nous puissions vivre avec la dignité légitime de nos doutes. Et j’aime croire que c’est une voie de guérison ailleurs comme ici. J’aime aussi répéter que ce n’est pas une trahison, ni une agression, ni une déloyauté que de défendre la laïcité », estime encore le journalise chroniquer au quotidien algérien Liberté et à l’hebdomadaire français Le Point.


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