Harraga : le lourd bilan des disparus et des morts en Méditerranée

L'année 2021 s'est achevée avec son lot de macabres bilans concernant l'immigration clandestine dans les pays du Maghreb. Le bilan des traversées clandestines du sud de la Méditerranée vers l’Espagne, durant l’année 2021, donne froid dans le dos. Le chiffre de 4000 morts ou disparus a été dépassé, selon le bilan d’une ONG espagnole rendu public le lundi 3 janvier 2022.   

Au fil des ans, traverser la Méditerranée est devenu l’unique moyen pour des centaines de milliers de harraga des pays du Maghreb de rejoindre la rive sud de l’Europe, d’une manière clandestine. Confrontés à de nombreux problèmes dans leurs pays respectifs, des milliers d’Algériens, de Marocains, de Tunisiens et de Libyens ne rêvent que d’une chose : prendre le large pour atteindre l’Europe, et avec n’importe quel moyen.

Au péril de leur vie et en payant le prix fort, ces migrants appelés « Harraga » n’hésitent pas à prendre la mer à bord d’embarcation de fortune pour rejoindre l’autre bout de la Méditerranée. Un véritable périple qui se termine souvent par des drames.

Société Vers le retour en force des visas dorés dans les pays Schengen

La harga prend de plus en plus d’ampleur dans les pays du Maghreb

En effet, le dernier bilan de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, publié ce lundi 3 janvier, démontre on ne peut mieux l’étendue du drame de la harga, qui n’épargne aucune catégorie sociale des pays maghrébins. Durant l’année 2021, l’ONG Caminando Fronteras a recensé 4404 migrants morts ou disparus sur les routes migratoires vers l'Espagne, soit 12 par jour en moyenne. Ce chiffre représente le double de ce qui a été recensé en 2020, et qui était de 2170 morts ou disparus. Ce qui fait de l’année 2021 la plus meurtrière depuis au moins 2015, date à laquelle remontent les premiers travaux de l'ONG. Selon la même source, les corps de la majorité des 4404 harraga recensés, soit 94 %, n'ont jamais été retrouvés et sont donc comptabilisés comme des disparus.

Lors de la présentation de son bilan à la presse, l’ONG espagnole a précisé que « l'immense majorité de ces migrants ont disparu en tentant d'atteindre les iles Canaries en Espagne depuis le nord-ouest de l'Afrique ». « Une route très dangereuse, mais beaucoup plus empruntée ces dernières années en raison du renforcement des contrôles en Méditerranée » a expliqué María González Rollán, co-auteure du rapport annuel de l'ONG, citée par l’AFP.

628 femmes et 205 enfants parmi les harraga morts ou disparus

Selon la même source, la migration clandestine depuis les pays du Maghreb vers le sud de l’Europe via la Méditerranée touche désormais toutes les catégories sociales, y compris les femmes et les enfants. La représentante de l’ONG espagnole a souligné la « féminisation» des routes migratoires depuis les côtes maghrébines vers l'Espagne, où 628 femmes et 205 enfants sont morts ou ont disparu en 2021, selon la même source.


Vous aimez cet article ? Partagez !