Que cache la visite de Jean-Yves Le Drian à Alger entre deux tours de la présidentielle ?

Tebboune et Le Drian

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a effectué une visite à Alger le mercredi 13 avril. Il a été reçu par le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune au siège de la Présidence en présence du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.

Alors que la France est en pleine campagne électorale pour le deuxième tour des élections présidentielles, le chef de la diplomatie française s'est rendu mercredi soir en Algérie. Une visite surprise qui n'a pas été annoncée par les canaux officiels des deux pays, comme cela est pourtant le cas dans ce genre de déplacements de responsables de haut rang.

Selon de nombreux observateurs, la visite éclaire de Jean-Yves Le Drian à Alger serait liée à l'élection présidentielle en France. Pour eux, le déplacement du ministre des Affaires étrangères française en Algérie en pleine campagne électorale est une sorte de demande de « caution » de la part d'Alger pour le président sortant Emmanuel Macron.

Jean-Yves Le Drian à Alger : Une visite diplomatique aux relents électoralistes

Qualifié au deuxième tour de la présidentielle, Emmanuel Macron sera opposé le 24 avril prochain à la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen. Cette dernière, qui porte un projet différent à tout ce qui a un lien avec l'Algérien et avec les Algériens établis en France, ne pourrait pas, selon les observateurs, avoir un soutien de la part des autorités algériennes.

Il est vrai que le contexte international marqué par la situation sécuritaire au Sahel et la guerre en Ukraine pourrait constituer un motif pour cette visite de Jean-Yves Le Drian à Alger, mais il n'en demeure pas mois que son timing ne cache pas ses objectifs réels, estiment les observateurs. « C'est une tradition en France. Chaque candidat à la présidentielle, depuis Jaques Chirac en passant par Sarkozy, Hollande et Macron pour son premier mandat devrait faire un saut à Alger avant son élection », fait remarquer un analyste.

C'est le même scénario qui se répète pour la présidentielle de 2022, même si pour son très probable deuxième mandat, Emmanuel Macron, qui avait effectué une visite à Alger en 2017 dans la peau du candidat à l'Élysée, a dû dépêcher cette fois son ministre des Affaires étrangères en Algérie. Emmanuel Macron ne pourrait le faire lui-même dans ces circonstances, au vu de son statut de président en exercice.

Mais derrière cette visite de Le Drian à Alger, la deuxième en l'espace de quatre mois, se cache aussi le souhait de Paris de « remettre sur rails » les relations bilatérales et de « déblayer le terrain » à la coopération franco-algérienne pour les 5 prochaine années. Emmanuel Macron veut certainement entamer son deuxième mandat, en cas de sa réélection le 24 avril prochain, sur de nouvelles bases dans les relations franco-algériennes, lui dont le premier mandat a été marquée par la grave crise diplomatique de l'été 2021 entre les deux pays.

Jean-Yves Le Drian affirme avoir évoqué des « dossiers sensibles » avec Abdelmadjid Tebboune

C'est d'ailleurs ce qui ressort de la déclaration de Jean-Yves Le Drian, mercredi soir à l'issue de son entretien à Alger avec le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune. Le ministre français a indiqué dans une déclaration publiée sur le site de la Présidence algérienne avoir abordé avec Abdelmadjid Tebboune « des dossiers sensibles dans un climat de confiance et d'esprit de solidarité qui constituent la base de notre partenariat ».

Le représentant du gouvernement français, qui a parlé de « la volonté renouvelée de relancer les relations entre les deux pays, que nous souhaitons inscrire dans la durée », a aussi  évoqué les perspectives d'avenir. « Entre l'Algérie et la France, il existe des relations historiques profondes et humaines qui réunissent les peuples des deux rives de la Méditerranée. À nous de les inscrire dans une perspective historique d'avenir », a-t-il déclaré.

Jean-Yves la Drian, qui a également indiqué avoir évoqué avec Abdelmadjid Tebboune la question du « terrorisme, de la coopération sécuritaire pour la stabilité de notre environnement méditerranéen et africain », a affirmé que « la France et l'Algérie partagent d'autres défis majeurs dans un contexte mondial marqué par les développements de la situation en Ukraine ».

Retour en haut
Share via
Copy link