La candidate d'extrême droite, Marine Le Pen veut utiliser l'Algérie dans sa campagne pour le second tour de la présidentielle française, prévu le 24 avril. Face au président sortant Emmanuel Macron, la candidate du Rassemblement national dit défendre une politique « totalement inverse » à celle menée ces dernières décennies à l'égard de l'Algérie.
Lors d'une rencontre avec la presse, organisée le mercredi 13 avril, Marine Le Pen affirme d'emblée vouloir construire des relations amicales et décomplexées avec l'Algérie. Mais la candidate d'extrême droite française pose ses conditions, selon les comptes rendus des médias présents. Et c'est là que réapparaît le fameux problème des ressortissants algériens à expulser.
« Mon souhait est, d'emblée, de conditionner tout nouvel octroi de visa au profit de ressortissants algériens, toute autorisation de transferts de fonds, toute acquisition de propriété en France par un dignitaire, à plusieurs éléments, incluant une mise en œuvre effective de la réadmission par les autorités consulaires algériennes en France », a fait savoir Marine Le Pen.
L'arme des visas sera utilisée par Marine Le Pen
Elle faisait référence au refus de l'Algérie, ainsi que d'autres pays, d'accueillir les Algériens condamnés à être expulsés du territoire français. Cette affaire, démentie par l'Algérie, avait déjà amené les autorités françaises à réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens durant l'été 2021. Cette mesure était censée punir l'Algérie qui refusait de délivrer les laissez-passer consulaires permettant d'expulser les Algériens faisant l'objet d'Obligation de quitter le territoire français. D'ailleurs, la France a délivré un total de 63'649 visas aux ressortissants algériens. Un chiffre en baisse de 13,1 % par rapport à 2020 où les consulats français en Algérie ont délivré 73'276 visas contre plus de 270'000 en 2019 (une baisse qu'il faudra aussi nuancer par la pandémie de covid-19 et donc l'arrêt de délivrance des visas sans motif impérieux).
Comme elle est en campagne électorale, les messages de Marine Le Pen étaient plus destinés à Emmanuel Macron, son adversaire de ce second tour de la présidentielle, qu'à l'Algérie et aux Algériens. Pour elle, il vaut mieux s'attaquer à ces litiges dès le début et penser aller vers des relations normales graduellement. « Je pense qu’il vaut mieux s’attaquer à ces irritants d’emblée, ce qu’aucun de mes prédécesseurs n’a eu le courage de faire, et ensuite de nouer progressivement des relations normales, d'État souverain à État souverain, ce qui me semble être plus encore dans l’intérêt de l’Algérie et des Algériens que de la France », a-t-elle ajouté.
Pour rester en France, l'Algérien doit aimer l'histoire de France
La candidate du Rassemblement national pense surtout que les relations entre la France et l'Algérie devraient être vues d'un oeil différent. Elle estime que les relations entre les deux pays relèvent plus d'une « question sentimentale que rationnelle ou économiquement indispensable pour la France ». Dans ce sens, elle assène : « Nous ne sommes pas dépendants économiquement de l'Algérie, ni d'ailleurs du gaz algérien […] il est surtout dans l'intérêt de l'Algérie que ses relations avec la France soient saines et apaisées ».
Elle conclut son intervention par un message aux Algériens de France, qu'elle invite à s'intégrer au pas de charge et à des conditions difficiles à accepter. Pour elle, « ceux qui se comportent conformément au droit français, respectent nos us et coutumes et aiment la France, ses traditions, son histoire, sa culture, qui bénéficient d'un contrat de travail et qui nous enrichissent de leur savoir-faire […] n'ont pas de raison de ne pas être invités à y rester ». Marine Le Pen souhaiterait-elle que les Algériens de France doivent aimer et apprécier l'histoire de la France, faite de colonisation, de spoliation, de massacres, d'enfumades et de torture ?