Harraga algériens portés disparus depuis 2008 : À quoi joue la Tunisie ?

Les familles des harraga algériens disparus depuis 2008 ont cru enfin voir le bout du tunnel le weekend dernier et pourront ainsi revoir leurs enfants. Pour ce faire, elles se sont présentes en Tunisie et plus exactement au tribunal correctionnel d’El Kef, où devait se tenir le procès de leurs progénitures. À leur grande surprise, les pères et les mères de famille apprennent sur place qu'il n' y avait aucun procès de harraga qui était prévu.

Trente-neuf candidats à l'émigration clandestine algériens sont portés disparus depuis 2008. Ils n'ont donné aucun signe de vie après qu'ils ont échoué dans leur tentative de harraga. Leurs familles ont multiplié les actions depuis, appelant les autorités algériennes à intervenir afin de les aider à retrouver leurs enfants.

En dépit des recherches lancées, les victimes demeuraient introuvables. Cela n'a cependant pas dissuadé ces mêmes familles qui ont multiplié les investigations. Au bout de quelques années, elles arrivent à tenir un fil. Des informations qui leur sont parvenues indiquaient que les harraga se trouvaient en Tunisie, où ils ont été jetés en prison. C'est en tous cas ce qu'elles soutiennent lors des différents mouvements de rue initiés pour porter cette nouvelle en haut lieu et clamer la libération de leurs enfants.

Le long combat des familles de harraga algériens

Les familles étaient en fait sûres et certaines de ce qu'elles ont avancé. Cela a fini d'ailleurs par être confirmé par les autorités tunisiennes elles-mêmes, qui ont saisi cette semaine ces familles les invitant à se présenter au tribunal correctionnel d’El Kef en date du 15 avril 2022 afin d'assister au procès des harraga.

Celles-ci ne pouvaient que s'exécuter croyant qu'elles ont enfin touché le bout du tunnel. Tout enthousiastes, elles se sont présentées devant le tribunal avec l'immense espoir de revoir enfin leurs enfants après prés de 12 ans de séparation. Grande a été leur déception d'apprendre sur place que le procès n'était pas à l'ordre du jour.

« À notre arrivée au tribunal correctionnel d’El Kef, nous y avons pris place et attendions avec beaucoup d’impatience l’ouverture du procès de nos enfants. Quelques moments après, un homme en costume a surgi de nulle part. Il s’est présenté en tant que vice-consul au consulat d’Algérie à El Kef. Il était venu pour nous dire que nos enfants ne seront pas ramenés au tribunal. Il n’y aura pas de procès aussi », a expliqué un membre d'une de ces familles au journal El Watan, qui a rapporté l'information dimanche 17 avril.

Ne comprenant pas ce qui se passait et ne parvenant pas à expliquer la tournure qu'a prise cette affaire, ces familles ne pouvaient que prendre encore une fois leur mal en patience. « Qui a décidé de nous convoquer officiellement en mentionnant le lieu et la date du procès », se demandent-elles. « À quoi jouent donc les autorités tunisiennes », s'exclament en outre des observateurs et acteurs politiques algériens, mais aussi tunisiens.

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