Algérie-France : le dossier de la mémoire n'est toujours pas réglé

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Le dossier de la mémoire entre l'Algérie et la France ne cesse de conditionner les relations entre les deux pays. Il représente un enjeu crucial à chaque occasion historique pour l’amélioration des relations diplomatiques. En cette période où ces relations connaissent un véritable réchauffement, la commémoration des événements du 8 mai 1945 fait ressurgir le dossier. En effet, Abdelmadjid Tebboune a évoqué ce dossier en s'adressant aux autorités françaises, alors qu'Emmanuel Macron, lors de la célébration de l'armistice, a ignoré la question.

Ainsi, dans son message adressé aux algériens la vielle de la commémoration du 77e anniversaires des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, le chef de l'État algérien Abdelmadjid Tebboune a ciblé des parties qui continuent à faire l'apologie du colonialisme,  perpétuant ainsi politiquement et narrativement les crimes de la colonisation, tantôt par le déni, tantôt par l’apologie de la domination. « Notre glorieuse histoire, source de notre fierté et inspirant les générations au fil du temps, s’illumine et s’enracine davantage dans notre esprit à chaque fois que la rancœur de ceux qui ne se sont toujours pas débarrassés de leur extrémisme et attachement chronique à la doctrine coloniale désuète et misérable s’accentue. Ceux-là n’ont pas appris des tentatives désespérées de dissimuler les vérités de l’histoire par l’imposture et l’oubli », a-t-il déclaré.

Tebboune a également expliqué l'importance du dossier de la mémoire en assurant que « c’est pourquoi notre attachement au dossier de l’histoire et de la mémoire émane de ces pages glorieuses et de la responsabilité de l’État envers son capital historique, étant un des fondements qui ont forgé l’identité nationale algérienne et un socle essentiel pour la construction du présent et l’anticipation de l’avenir sur les bases et les principes de l’éternel message de Novembre ».

Silence des autorités françaises sur les massacres du 8 mai 1945

Dans son allocution, Tebboune s'est également adressé aux autorités françaises sans toutefois les nommer. Pour lui, l'attachement à ce dossier est « un attachement qui s’éloigne de toute surenchère ou négociation pour préserver notre mémoire, et œuvre parallèlement au traitement du dossier mémoriel et de l’histoire en toute probité et avec objectivité dans la perspective d’établir la confiance et de jeter les bases de relations de coopération durables et fructueuses, garantissant les intérêts des deux pays dans le cadre du respect mutuel ».

De leur côté, les autorités française, à leur tête le président Emmanuel Macron fraîchement réélu, ne se sont pas exprimées sur ce dossier. Le président français, qui a commémoré la date anniversaire de l’armistice, n'a pas jugé utile de rappeler les exactions commises par les français en Algérie le 8 mai 1945.

Ce silence peut s'expliquer par un manque de volonté des autorités françaises de régler le dossier de la mémoire à quelques semaines des élections législatives. En effet, ce dossier sensible est le cheval de bataille de la droite française, qui l'instrumentalise à chaque occasion pour rappeler « la grandeur de la France et les bien faits de la colonisation ». Des positions qui compliquent à chaque fois les relations algéro-françaises.

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