L'été est là et les frontières terrestres algéro-tunisiennes sont toujours fermées. Cette situation pénalise la Tunisie, qui compte énormément sur les Algériens pour relancer une activité touristique déjà assez terne. Elle pénalise aussi les Algériens, qui n'ont que la Tunisie comme destination touristique accessible à un prix abordable.
Si des responsables ont évoqué cette question de réouverture des frontières entre les deux pays avec un certain optimisme, rien n'indique que la question sera traitée de sitôt. Et surtout, que le problème trouvera une solution après plus de 2 années de fermeture qui ont mis l'économie tunisienne à genoux. Cela, malgré certaines déclarations qui servent plus à cacher un malaise qu'à rassurer les acteurs du tourisme tunisien1.
Mais que se passe-t-il entre l'Algérie et la Tunisie ? Pourquoi les frontières entre ces deux pays frères ne sont-elles pas encore ouvertes alors que c'est le vœu de la majorité des deux côtés de la frontière ? Y-t-il quelque chose entre les autorités algériennes et tunisiennes qui empêche la réouverture des frontières terrestres ? Une crise politique larvée ?
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Les relations entre l'Algérie et la Tunisie sont-elles en crise ?
Il n'y a rien de certain qui puisse affirmer que l'Algérie et la Tunisie sont en crise. Mais le doute est présent dans les esprits des observateurs, qui ne manquent pas de constater que la réouverture des frontières terrestres est ajournée sans raison apparente. Et surtout, sans perspective d'éclaircissement à court terme, alors que nous sommes déjà en pleine saison estivale.
Il faut dire que ce doute est encouragé par certains événements, passés presque inaperçus malgré leur importance. Quand le chef de l'État Abdelmadjid Tebboune a effectué, fin mai, sa visite officielle en Italie, il avait évoqué la crise en Tunisie de façon particulière. Une façon qui n'a pas laissé indifférents les observateurs qui scrutent la vie politique en Afrique du Nord.
L'Algérie veut aider la Tunisie à retrouver la voie démocratique (sic)
« Il y a une convergence totale dans nos positions diplomatiques et politiques. Nous partageons les problèmes de la Tunisie. Nous sommes prêts, les deux, à aider la Tunisie à sortir de l’impasse, et ce, jusqu’à qu’elle retrouve la voie démocratique », avait déclaré le chef de l'État algérien, sans pour autant s'approfondir sur l'impasse dans laquelle se trouve la Tunisie voisine, notamment depuis la décision du président Kaïs Saïed de dissoudre l'Assemblée tunisienne2.
Tout porte à croire que les dirigeants algériens sont préoccupés par le chemin pris par les dirigeants tunisiens. Comme s'ils s'opposaient aux décisions du président tunisien et de ses soutiens. Mais pour quelle raison l'Algérie doit-elle s'opposer à des décisions souveraines des autorités tunisiennes ? De quel droit Alger pourrait-elle s'immiscer dans les affaires internes de la Tunisie voisine ?
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La Tunisie veut-elle normaliser ses relations avec Israël ?
Il n'y a que quelque chose de grave qui pourrait amener l'Algérie à se préoccuper de la situation en Tunisie. Et les rumeurs qui ont circulé ces derniers temps sont susceptibles d'expliquer l'inquiétude des dirigeants algériens. Ces rumeurs, en fait, font état de la volonté des autorités tunisiennes de normaliser les relations avec Israël.
Entre-temps, la diplomatie tunisienne a démenti ces rumeurs, mais est-il utile de rappeler que les Marocains avaient aussi démenti cela avant que l'ex-président des États-Unis Donald Trump ne vienne officialiser les contacts secrets et la normalisation avec l'entité sioniste.
Ce serait effectivement grave pour l'Algérie si les Tunisiens normalisent leurs relations avec Tel-Aviv. L'Algérie serait, de ce fait, entourée par les services du Mossad qui ne sont pas connus pour leur amitié avec l'Algérie. Et tout le monde connaît les capacités de l'armée israélienne en matière d'espionnage et autres agressions souterraines3. Et c'est là que devient compréhensible la décision de l'Algérie de maintenir fermées les frontières avec la Tunisie.
Donc, la question qui se pose en ce moment, c'est de savoir si l'Algérie garde sa frontière fermée pour protester contre une éventuelle décision de la Tunisie d'ouvrir des relations politiques et diplomatiques avec Israël. Et dans ce cas, la réouverture tant attendue de la frontière terrestre entre l'Algérie et la Tunisie risque d'être ajournée, ce qui empêcherait carrément la réanimation de l'activité touristique chez les voisins de l'Est.
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