L'enclave espagnole de Ceuta avait vu arriver, en mai 2021, entre 8 000 et 10 000 migrants marocains en l'espace de 48 heures. Une vague migratoire inédite à la faveur d'un relâchement des contrôles par Rabat sur fond de crise diplomatique avec Madrid au sujet de l'accueil en Espagne du chef du Front Polisario pour y être soigné. Ces 2500 migrants étaient de tous âges confondus. Quelques semaines après ces arrivées, les autorités espagnoles ont entamé l'expulsion vers le Maroc de quelque 800 migrants mineurs non accompagnés, encore présents sur le territoire de l'enclave de Ceuta.
Ces expulsions ont soulevé une vague d'indignation de l’opposition de droite, du parti de gauche Podemos, membre de la coalition gouvernementale, de certains ministères et aussi de la part d’organisations non gouvernementales qui travaillent pour les droits des mineurs migrants. L'ONG Save The Children avait même annoncé qu'elle allait « porter plainte pour tenter de suspendre ces expulsions controversées ». Une plainte que la justice a traitée et qui a donné gain de cause aux défenseurs de ces mineurs.
En effet, la justice espagnole a confirmé, le 30 juin, la décision du tribunal de Ceuta, émise en août 2021 et suspendant l’expulsion de mineurs vers le Maroc. Le tribunal supérieur d’Andalousie qui examinait l’affaire en appel a ainsi considéré que « l’administration, en s’abstenant d’appliquer les garanties minimales de procédure obligatoires, avait donné naissance à une situation objective de risque avéré pour l’intégrité physique ou morale des mineurs étrangers non accompagnés ».
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Le tribunal a affirmé que « Le caractère soudain, massif et illégal de l’entrée à Ceuta au printemps dernier de milliers de citoyens marocains n’autorisait en aucun cas l’Espagne à se soustraire à la Loi ». Il faut souligner qu'en mai 2021, environ un millier de migrants mineurs marocains se trouvaient toujours dans l’enclave espagnole de Ceuta, d’après les autorités espagnoles. Ces mineurs non accompagnés erraient dans les rues ou étaient hébergés dans des centres gérés par les autorités locales, qui devaient étudier chaque cas pour décider d’un renvoi vers le Maroc ou d’un maintien en Espagne. Des décisions de renvois ont alors été prises sans respecter la loi espagnole qui garantit la protection des enfants.