La crise du gaz qui frappe de plein fouet les pays européens est l’occasion pour les pays exportateurs de gaz de revoir leurs feuilles de route. L’Algérie et le Nigeria, deux pays producteurs, peuvent bien en profiter en relançant un projet vieux d’une vingtaine d’années : le gazoduc trans-saharien qui relierait le Nigeria à l’Europe.

Long de plus de 4000 kilomètres, le gazoduc en question est à même de satisfaire une grande partie des besoins énergétiques de l’Europe. Techniquement, il est question d’acheminer le gaz du delta du Niger vers In Salah, dans le Sud de l’Algérie, en passant par le Niger, avant que les trois gazoducs reliant l’Algérie à l’Europe ne prennent le relais. Il s’agit du Transmed Enrico Mattei, qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, du Medgaz qui alimente l’Espagne à partir de l’Ouest de l’Algérie, et le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui fait la liaison entre l’Algérie et l’Espagne en passant par le Maroc.

Le gazoduc trans-saharien susceptible d'atténuer la crise du gaz à l'avenir

Il importe de rappeler que l’Algérie, le Niger et le Nigeria ont signé, le 28 juillet à Alger, un mémorandum d’entente pour concrétiser le projet en question. "Cette démarche démontre la volonté des trois acteurs de redynamiser un projet ayant une dimension régionale et internationale, visant prioritairement le développement social et économique de nos pays", a expliqué alors le ministre algérien de l’Énergie.

A en croire les experts en la matière, le gazoduc trans-saharien est réalisable au bout de trois ans. Peut-être même moins si l’on accélère les travaux. Pouvant coûter plus de 10 milliards de dollars, selon des estimations datant de 2009, le projet est toujours au stade de discussions entre Etats. Il ne risque pas d'influer donc sur la crise du gaz actuelle.

"Pour l’instant, il ne s’agit que d’un accord soutenu par une volonté politique puissante", a déclaré l’ancien ministre algérien de l’Énergie et ex-PDG du géant pétrolier algérien Sonatrach, Abdelmadjid Attar au média Middle East Eye. En fait, si l’Algérie et le Nigeria, qui détiendront 90 % des parts de la société en charge de la canalisation, disposent de suffisamment d’argent pour réaliser leurs parts du projet, le Niger est un pays trop pauvre pour participer à un programme, certes ambitieux, mais très coûteux.