Le drame qui a connu au Maroc le décès de pas moins de 23 migrants subsahariens, le 24 juin 2022 , après avoir tenté d'entrer dans l'enclave espagnole de Melilla, n'a pas encore livré tous ses secrets. En effet, les commissions d'enquête installées pour faire la lumière sur cette tragédie tardent à rendre publiques leurs conclusions. Lourdement mis en cause dans ce drame, le Makhzen refuse de collaborer dans les différentes enquêtes. C'est le cas avec deux eurodéputés venus enquêter sur cette question. Le Royaume de Mohammed VI leur a carrément refusé l’entrée sur son territoire, à partir de Melilla.
Ainsi, pour enquêter sur la tragédie du 24 juin durant laquelle au moins 23 migrants ont été tués, l’eurodéputé espagnol Miguel Urbán, du parti Anticapitalistas, et sa collègue allemande Cornelia Ernst, du parti Die Linke, ont été refoulés. Ces deux eurodéputés ont dénoncé, mardi 20 septembre, l’attitude des autorités marocaines, dans un communiqué de presse.
Dans ce communiqué, Miguel Urbán a indiqué qu’ils étaient au total 16 personnes dont des membres d’ONG et d’avocats européens à s’être vus refuser "sans aucune explication" l’accès au Maroc afin de mener une enquête sur l’assaut des migrants survenu à Melilla. Cette délégation venue enquêter sur le drame de Melilla voulait se rendre à l’hôpital de Nador, où certains des migrants blessés le 24 juin ont été soignés.
Le Maroc prouve sa volonté manifeste de cacher les meurtres des 23 migrants
Les 16 membres de cette délégation avaient également prévu de tenir une réunion à Rabat avec l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), et de rencontrer des journalistes à Casablanca ainsi que "plusieurs migrants qui ont survécu". Avec cette interdiction, le Maroc prouve sa "volonté manifeste de cacher les meurtres des 23 migrants le 24 juin, de même que les 76 blessés et ceux ayant été arrêtés", dénonce l’eurodéputé Miguel Urbán, en ajoutant que "c’est une situation totalement inacceptable, car le gouvernement marocain a l’intention de juger dans les prochains jours certains des migrants arrêtés le 24 juin, lors de l’assaut de Melilla, un procès qui est une farce complète".
L'eurodéputé espagnol a lancé un appel au Parlement européen et le gouvernement espagnol pour "se prononcer sur le sujet" en les invitant à faciliter la comparution au Parlement européen du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui demandait en juillet "d’enquêter sur ce qui s’est passé". De son côté, l’eurodéputée allemande Cornelia Ernst considère ce qui s’est passé comme "un grand scandale", car n’ayant reçu aucune explication des autorités marocaines.