Rien ne va plus entre Ottawa et le Québec. Et l’une des causes qui jettent davantage de froid sur les relations entre la capitale canadienne et la plus grande province du pays est la question de l’immigration. En effet, le Québec veut plus de liberté en la matière, une liberté qu’Ottawa ne semble pas disposée à accorder.

« Aussitôt demandée, aussitôt refusée », a écrit Le Soleil numérique. Le site électronique parle de la requête formulée par la Coalition avenir Québec (CAQ) qui veut plus de pouvoir concernant l'immigration et qui a été rapidement rejetée par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. Une réaction qui risque d’avoir des conséquences sérieuses sur les relations entre la capitale Ottawa et le Québec.

Rappelons qu’avant même son élection, le Premier ministre québécois, François Legault, avait promis que s’il obtenait un mandat fort, il allait négocier plus de pouvoir en immigration avec la capitale. Mais, même avec 90 élus, Ottawa refuse de donner plus de pouvoir au Québec en la matière.

Ottawa-Québec : des modèles d'intégration différents

Cependant, en dépit du fait que la capitale canadienne ait fermé la porte à la demande de la CAQ, le gouvernement fédéral a laissé entendre que le Québec pourrait accueillir encore plus d’immigrants. « Où se situe donc le différend ? », est-on tenté d’interroger.

En fait, « Justin Trudeau et le Fédéral ne manifestent aucune sensibilité particulière à la question nationale au Québec et aux enjeux comme la langue, l'intégration et le marché du travail ». C’est là l’explication de la professeure émérite de sociologie à l’UQAM et spécialiste de l’immigration Micheline Labelle, qui rappelle que « le modèle d’intégration du Québec est différent du multiculturalisme canadien ». « Il y a donc un conflit structurel entre le Fédéral et le Québec au sujet du modèle d'intégration à prôner », a encore affirmé la professeure.

Immigration au Canada : La question qui divise

Ce différend, qui n’est pas des moindres, peut bien avoir des conséquences sur les relations entre Ottawa et le Québec. Micheline Labelle, qui ne croit pas qu’Ottawa va changer d’attitude sur la question, ajoute que « la fermeture du Fédéral pourrait envenimer sérieusement les relations avec le Québec ». « Ça va certainement augmenter les revendications des partis politiques indépendantistes au Québec », a-t-elle estimé.

L’ancien ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, interrogé par Le Soleil numérique, a, lui, une autre vision de la chose. « On a souvent pensé que les conflits entre Québec et Ottawa alimentaient le souverainiste au Québec, mais j'ai constaté que ça n'a pas un effet direct sur l'appui de la population à l’indépendance », dit-il.