L’organisation Immigration Canada, elle-même, le reconnaît : il y a bien du racisme à l’égard des ressortissants des pays africains francophones, et le pire c’est que c’est le cas même en son sein. Cet aveu, pour le moins surprenant, figure au milieu d’une réponse du gouvernement fédéral, donc du ministre de l’Immigration Sean Fraser, à un rapport publié à la fin du printemps réalisé par le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration (CIMM).
Le document en question, comportant 22 pages, à croire Radio Canada, a été discrètement mis en ligne à la fin du mois de septembre et n’a fait l’objet d’aucune conférence de presse ni intervention publique du ministre. À noter que, jusqu’alors, le ministère Fraser a affirmé que toutes les demandes sont traitées de manière identique, peu importe le pays d’origine. Cependant, dans sa réponse au CIMM, il s’est montré très critique vis-à-vis du comportement des agents de l’immigration de son ministère. « Il y aurait ainsi des taux de refus plus élevés chez les étudiants africains », souligne Sean Fraser, qui a précisé qu'Immigration Canada lancera, au premier semestre de 2023, une étude interne portant sur la « lutte contre le racisme ».
Plus de 80 % des demandes provenant des pays africains sont refusées
« Immigration Canada, déclare le même ministre, doit déployer davantage d’efforts pour comprendre les différences entre le taux d’approbation des demandes de permis d’études qu’obtiennent les demandeurs africains et celui qu’obtiennent les demandeurs d’autres régions ». Et d’ajouter : « les étudiants africains qui souhaitent rester vivre ou travailler au Canada après leurs études ne devraient pas être pénalisés ».
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Notons que ce constat, qui accable Immigration Canada, fait suite à différents reportages révélant des rejets massifs de demandes provenant de certains pays d’Afrique, provoquant l’incompréhension et la colère des établissements d’enseignement et des demandeurs concernés. En effet, le taux de refus des demandes de permis d'études provenant de certains pays d'Afrique francophone dépasse les 80 %.
Immigration-Canada : un logiciel opaque
Pour remédier à cette situation, « le gouvernement, promet Sean Fraser, accepte de revoir le processus de sélection des étudiants étrangers ». « Ces derniers doivent être évalués en fonction de critères davantage liés à leur potentiel et à leur valeur », a-t-il affirmé.
Aussi l’outil qui sert à traiter les demandes de permis d'études a été vivement critiqué : le logiciel Chinook utilisé depuis 2018 par les agents d'immigration. En effet, celui-ci est vivement dénoncé par différents experts en raison de son opacité. Le ministre Fraser, qui dit qu’« Immigration Canada est d'accord avec la nécessité de la transparence », a assuré que des « consultations publiques sur les nouvelles technologies seront menées ». « Une évaluation de Chinook sera faite », a-t-il ajouté, tout en précisant que cet outil ne prend pas « lui-même de décisions ».