L'essence n'est-elle vraiment « pas chère » en Algérie ?

essence « normale » et « super »

Une vidéo récemment publiée sur Instagram remet au goût du jour les prix des carburants en Algérie, notamment ceux de l'essence, dont les Algériens se plaignent fortement. La vidéo en question montre un touriste américain en Algérie surpris par le coût du « gas » (20 cents le litre). Les internautes algériens n'ont pas manqué de répondre à ce touriste qui ne prend en considération qu'une infime facette de la situation socio-économique des Algériens.

Les 45,62 dinars pour un litre d'essence, converties en devises peuvent paraître, il est vrai, insignifiants. À ce prix, l'on peut s'offrir quelque 5 litres pour un dollar, ce qui nous donne un plein de réservoir à une dizaine de dollars. Aux États-Unis ou en Europe, pour un plein, il faut compter une centaine d'euros ou de dollars. Mais est-ce que cette comparaison suffit à considérer l'Algérien comme quelqu'un de chanceux à rouler « presque gratuitement » ? Pas si sûr !

Prix des carburants : Les change et le pouvoir d'achat faussent le calcul

Pour une meilleure comparaison, il faudrait peut-être parler de pouvoir d'achat et de ce que peuvent représenter 45, 62 dinars pour un algérien comparativement à ce que représente 1,10 (c'est le prix d'un litre d'essence aux États-Unis) pour un américain. La différence est de taille. Et une comparaison entre les salaires pratiqués en Algérie et ceux pratiqués ailleurs est très significative. Avec une moyenne entre 160 € et 275 €, et un salaire minimum qui ne dépasse pas les 100 € (au marché parallèle), les salaires algériens n'atteignent pas 10 % des revenus mensuels dans des pays européens ou américains.

Dans une déclaration en mars dernier au quotidien El Watan, l'expert en sécurité sociale Noureddine Bouderba a affirmé que « le salaire mensuel moyen perçu par un travailleur algérien, avec l'équivalent de 265 euros, représente entre 4 % et 9 % de celui d'un salarié des pays européens développés, des États-Unis, du Canada, du Japon ou de la Corée du Sud ». Donc un Algérien, à qui on envie des prix de carburants battant tous les records, ne gagne même pas un dixième de ce que gagne un américain. En calculs plutôt simples, on dira que les 45,62 dinas, qui ont l'air de choquer plus d'un, valent quelque 10 dollars, voire beaucoup plus. Et si on fait l'effort de considérer le dinar comme étant la monnaie américaine, l'on dira que l'Algérien paye son litre d'essence à plus de 500 dinars par litre. De même, 45 dinars représentent 0,12 % d'un salaire moyen algérien, alors qu'un dollar ne représente que 0,03 % d'un salaire américain, soit 6 fois moins.

Subvention des carburants : est-ce le meilleur choix ?

Les étrangers qui se rendent en Algérie, dont le touriste américain qui a publié la vidéo, pensent que rien n'est cher, pas seulement le carburant. « Le tout n'est pas cher, en fait ! » trouvent-ils. L'un d'eux a même publié une vidéo pour dire que les sandwichs en Algérie sont presque gratuits. Et tous oublient les dépenses auxquelles font face les Algériens et qui sont de plus en plus au-dessus de leurs moyens.

Dès lors, il devient urgent de mener une réelle réflexion quant à la politique de subventions que mène l'État algérien et que certains qualifient de charité humiliante. Aussi, cette politique fait que le pays soit économiquement isolé, puisqu'il lui devient de plus en plus difficile de se mettre en situation de concurrence. Il est à rappeler, dans ce contexte, que l'une des raisons qui font que l'Algérie n'arrive pas à se faire accepter par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est justement cette même politique.

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