Immigration en France : Ce qui se cache derrière les chiffres de la délinquance

Police - France - Arrestation - Algérien

Ces derniers temps, la bataille de l’immigration en France se joue sur le terrain des chiffres. Gérald Darmanin en use tellement qu'il en fournit à tout va. « Poser ces chiffres sur la table, cela a permis de mettre des mots sur des réalités, et les Français, notamment populaires, s’en félicitent », a-t-il récemment déclaré à L’Opinion. Le ministre français de l'Intérieur avait ajouté : « et cela a retiré du carburant à nos oppositions ». Que se cache-t-il donc derrière tous ces chiffres qui mettent irrémédiablement l’immigration sur le banc des accusés ?  

Dans le feu du débat, un tabou a bel et bien sauté : la distinction entre immigration et délinquance. Chiffres à l’appui, et le président français, Emmanuel Macron, et son ministre de l’Intérieur – sans compter la droite et l’extrême droite – font de la délinquance un leitmotiv de leur nouvelle politique anti-immigration. « Ne représentant que 10 % de la population des grandes villes, la part des étrangers dans la délinquance est proportionnellement très importante », est l’argument qui revient à chaque fois dans les discours officiels. En voilà un exemple très significatif, repris par L’Opinion : « à Lyon, 44 % de la délinquance et de la criminalité constatées est le fait d’étrangers. Ils représentent même 61 % des personnes mises en cause pour des atteintes aux biens, par exemple des vols. Et 35 % des atteintes aux personnes, c’est-à-dire les faits de violence ».

« Lyon est l’exemple le plus flagrant, mais, poursuit L’Opinion, les chiffres donnent les mêmes tendances à Paris où la part des étrangers dans la délinquance s’élève à 48 %. Et jusqu’à 70 % des mis en cause pour des vols avec violence et 75 % des vols simples. Globalement cette surreprésentation se retrouve à Toulouse, Nantes ou Bordeaux, dans toutes les métropoles ».

La difficulté de ne pas céder à la délinquance

Cependant, ces chiffres sont trop rigides pour ne pas être tenté d’y injecter quelques vérités sociologiques. D’abord, les étrangers sont plus nombreux dans les grandes villes que dans les zones rurales. En effet, selon un rapport de France Stratégie de juillet 2020, 8 immigrés sur 10 vivent dans un grand centre urbain, dont 38 % à Paris et sa grande agglomération. Le deuxième élément évoqué par l’Opinion relève de l’ordre de la terminologie, notamment ce qu’on désigne par « mis en cause ». C’est-à-dire des personnes qui apparaissent dans une procédure que la police et la gendarmerie transmettent au procureur. « Ce qui ne signifie pas que des poursuites seront engagées contre ces personnes, encore moins qu’elles seront condamnées », explique la même source.

Enfin, il y a lieu de citer la précarité sociale qui caractérise cette population. L’ancien préfet de police de Paris, Didier Lallement, a d’ailleurs déclaré récemment : « la réalité est que, pour ne pas devenir délinquant après être arrivé en France dans des situations chaotiques, vous devez être un saint. Des personnes arrivent sur le territoire, ne sont pas reconduites à la frontière pour diverses raisons et n’ont pas le droit de travailler ». « Qu’ont-elles comme choix ? s’était interrogé Lallement. Travailler au noir ? Subsister grâce à d’autres ressources illégales ? On crée les conditions d’une réalité ».

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