Le ministre français de l’Intérieur se rendrait très prochainement en Algérie. Il serait invité par le chef de l'État algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour la fin de la semaine. Si rien n’a vraiment filtré sur les raisons de cette visite, il est plus ou moins facile de deviner que la question migratoire sera amplement évoquée.
En effet, à la veille de l’adoption d’une nouvelle loi sur l’asile et l’immigration, le ministre français en profitera certainement pour amadouer l’Algérie en vue de l’amener à rapatrier plus facilement les Algériens en situation irrégulière sur le territoire français.
L’information a été donnée par le journal français Le Parisien. Selon ce média, Gérald Darmanin évoquera, à Alger, les questions de coopération antiterroriste, l’échange d’informations sur la sécurité et, comme déjà cité, la question de l’immigration sur laquelle le ministre français est très attendu. En effet, le projet de loi, qu’il est en train de piloter actuellement, se focalise en grande partie sur les expulsions avec leurs corollaires les OQTF (Obligations de quitter le territoire français). Or, pour ce faire, la collaboration de pays tiers, dont l’Algérie, est indispensable. Et la réticence de ces pays à « reprendre » leurs ressortissants n’est que trop connue. À Alger, Gérald Darmanin tentera, en toute logique, de négocier ce point sans lequel « son » projet de loi sur l’asile et l’immigration serait comme amputé.
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Darmanin en Algérie en compagnie de sa femme
Par ailleurs, selon des sources citées par Le Parisien, cette visite « va aussi revêtir un caractère plus personnel ». En effet, contrairement à ses habitudes, Darmanin sera accompagné de son épouse Rose-Marie, « également invitée pour partager avec lui ce moment particulier ». « C’est lié à mon histoire personnelle avec l’Algérie. Nous avons bien évidemment accepté, mais avec l’autorisation du président de la République Emmanuel Macron », aurait précisé avec prudence l’intéressé auprès de la même source.
Rappelons que le ministre de l’Intérieur est le petit-fils de Moussa Ouakid, tirailleur algérien engagé dans l’armée coloniale, mobilisé en 1939 en France où il est fait prisonnier par les Allemands, avant de s’évader puis de s’engager dans la Résistance. Pour saluer sa mémoire, explique Le Parisien, Darmanin pourrait donc profiter de cette occasion, « si les conditions le permettent », pour aller avec sa femme dans le village natal de son aïeul, au cœur du désert algérien. Ce qu’il n’a jamais eu l’occasion de faire auparavant.
Pour rappel, dans la perspective de réchauffer les relations entre Paris et Alger, le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie, le 25 août 2022, pour une visite officielle de trois jours. Les deux présidents se sont mis d'accord pour renforcer les liens entre les deux pays. Plusieurs domaines de coopération ont été repérés et une déclaration commune pour une dynamique « irréversible » dans les relations des deux pays a été signée.
Cette visite a été suivie de celle d’Elizabeth Borne, accompagnée de seize ministres, en date du 9 octobre 2022, en vue de tenter de mettre en application ce sur quoi les deux présidents s’étaient mis d’accord. Il va sans dire que la visite de Darmanin s’inscrit dans la même perspective, mais son statut de « premier policier de France » fera que l’exécution des OQTF sera en tête de liste de ses préoccupations.
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