Immigration en France : « La création d'une carte de séjour de 10 ans était une erreur »

Montage : Exemple des Titres de séjour sur fond d'une photo de l'immeuble du Conseil constitutionnel en France

L’éventuelle mise en place d'un « permis de séjour à points » pour les étrangers, dans le cadre du projet de loi immigration, ne fait pas l’unanimité en France. C’est le cas pour Patrick Stefanini, haut fonctionnaire et spécialiste de l’immigration, qui est allé jusqu’à remettre en cause la création, en 1981, de la carte de séjour de 10 ans pour les étrangers en France. « C’était une erreur » a-t-il affirmé, vendredi 16 décembre, dans une déclaration à CNews.  

Pour recruter dans les secteurs qui font face à une pénurie de main-d'œuvre, le gouvernement français plaide pour la création d'un titre de séjour « métiers en tension ». Alors que le projet fait actuellement l’objet de débat au Parlement, un groupe de députés de la majorité veut glisser un amendement. Il s’agit de la création d’un permis de travail à points pour les immigrés rejoignant la France. Il se trouve que c'était l'une des propositions phares du parti Les Républicains, que le gouvernement veut appliquer pour attirer les voix des députés de la droite.

C’est ce que révèle, en effet, Patrick Stefanini, haut fonctionnaire et spécialiste de l’immigration. Invité vendredi 16 décembre par la chaine CNews, pour s’exprimer sur l'éventuelle mise en place d'un « permis de séjour à points pour les étrangers », il a affirmé que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin cherche à travers ce « permis de séjour à points » des voies de passage auprès des LR pour valider son projet.

« La carte de séjour de 10 ans était une erreur, commise probablement de bonne foi »

Selon ce spécialiste de l’immigration, Gérald Darmanin « souhaite s'inspirer d'un certain nombre de propositions qui ont été mises sur la table à l'occasion de l'élection pour la présidence des Républicains, et notamment celles du grand vainqueur Éric Ciotti, qui avait émis l'idée d'un permis de séjour à points ». À cet égard, un étranger qui arriverait en France se verrait attribuer au vu d'un certain nombre de critères, un titre de séjour, mais celui-ci pourrait être remis en cause en cas d'actes de délinquance ou de non-respect de la loi.

Pour Patrick Stefanini, l’idée de la création d’un permis de séjour à points serait une erreur, comme ce fut le cas, selon lui, lors de la création de la carte de séjour de 10 ans pour les étrangers se trouvant en France. « Derrière cette idée, il y a le constat que la France a sans doute fait une erreur en 1981, lorsque François Mitterrand est arrivé au pouvoir. On a décidé d'instituer une carte de résident, valable dix ans, et automatiquement attribuée à toute une série d'étrangers remplissant un certain nombre de critères, notamment du point de vue de l'immigration familiale », estime le haut fonctionnaire.

« C'était sans doute une erreur, commise probablement de bonne foi, avec l'idée que cela faciliterait l'intégration. Mais en pratique on s'est privé du moyen de vérifier que les étrangers étaient en mesure d'effectuer, dès leur arrivée sur le territoire français, un effort d'intégration. Et derrière l'idée du permis à points, il y a cette idée que chaque étranger qui arrive en France doit faire la démonstration qu'il veut s'intégrer dans notre pays », ajoute-t-il.

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