L'Espagne a considérablement augmenté ses livraisons vers le Maroc. L’opération se fait via le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui relie les deux pays via Tarifa (Cadix). Celui-ci, pour rappel, a été réactivé à la fin de juin dernier après plus de six mois d’inactivité. De quoi provoquer la suspicion d’Alger.
Selon le journal espagnol Atalayar, qui cite des sources du ministère espagnol de l’Énergie, les exportations de gaz de l’Espagne vers le Maroc, durant le mois de novembre de l’année 2022, ont été multipliées par plus du tiers par rapport à la moyenne. Au total, l’on parle d’une augmentation de l’ordre de 344 %. Bien entendu, le transport se fait entièrement par le GME que l’Algérie a décidé d’abandonner pour des considérations politiques. Selon le gouvernement espagnol, les opérations consistent à transporter du gaz non liquéfié jusqu’aux usines de Tarifa, en vue de sa transformation et de son transport ultérieur par le gazoduc.
Rappelons que, suite au changement de position de l’Espagne quant au Sahara occidental, les relations entre Alger et Madrid n’ont eu de cesse de se détériorer. L’Algérie avait commencé par suspendre le Traité d’amitié qui lie les deux pays, avant de procéder à l’augmentation des prix du gaz exporté vers l’Espagne. Et, à l’annonce que « l’infrastructure Maghreb-Europe servirait à transporter du gaz vers le Maroc », elle a été tout simplement furieuse. En effet, l’idée que le gaz algérien puisse être acheminé vers le Maroc n’était pas de nature à plaire.
Augmentation des livraisons espagnoles vers le Maroc : de quoi irriter Alger
Alger avait menacé de rompre son contrat de fourniture de gaz à l’Espagne, avant que celle-ci ne mette en avant Enagás : un gestionnaire du réseau gazier espagnol qui a pour tâche de « vérifier l’origine du méthanier transportant le gaz » acheté par le Maroc. Aussi, après le déchargement de celui-ci, Enagás émet un certificat avec « les données pertinentes, évitant ainsi que soit exporté du gaz qui n’a pas été déchargé à cette fin ». Ce sont là les précisions du ministère espagnol de la Transition écologique.
Cependant, que l’Espagne, dont l’Algérie est le principal fournisseur en gaz, augmente aussi sensiblement ses exportations vers le Maroc a de quoi pousser Alger à se mettre sur ses gardes. En effet, à considérer la crise énergétique à laquelle fait face l’Europe, notamment en pleine période hivernale, l’on est en droit de s’interroger sur le bien-fondé de la « politique énergétique » espagnole. Aussi, il va de soi que cette politique est à même d’envenimer davantage les relations algéro-espagnoles qui sont déjà au point mort. Et ce ne sont pas les appels de pieds incessants du gouvernement espagnol qui vont amener Alger à de meilleurs sentiments.