France : Une « pénurie de médecins » qui inquiète

Deux médecins en blouses blanches

Rien ne va plus pour le secteur de la santé en France en manque de médecins et de soignants avec des urgences débordées et un manque criant de personnel, sur fond de triple épidémie hivernale de Covid, grippe et bronchiolite. Un rapport du Sénat français a démontré que 11 % des Français de 17 ans et plus n’ont pas de médecin traitant en 2022. Entre 2017 et 2021, le nombre de médecins généralistes par département a diminué de 1 % par an par rapport à la population. Une dégradation qui interpelle à plus d’un titre de l'aveu même du gouvernement français.

C’est pourquoi, et face à une « crise » qui semble s’inscrire dans la durée, le président français Emmanuel Macron a fait part, vendredi 6 janvier, de son plan portant sur la réorganisation de tout le système sanitaire français insistant sur un changement de cap et de rythme. Parmi les annonces faites aussi, « la fin de la tarification à l’acte et un tandem administratif et médical à la tête des hôpitaux ».

Le président français a assuré vouloir « aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort et prendre des décisions radicales ». Mais il n'existe pas de « recette miracle », a-t-il aussi souligné. « On va mettre une décennie pour apporter des changements en profondeur et il faudra vivre dans les années qui viennent avec cette pénurie de soignants », a-t-il prévenu. Il est surtout question, à ses dires, de « dégager du temps de médecin » et « retrouver une échelle humaine ».

Le plan de Macron pour le secteur de la santé « impossible à réaliser »

Seulement, sa « recette » inquiète bon nombre de professionnels du secteur. Il s'agit, en effet, selon Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France, qui alerte sur un accès aux soins plus que « dégradé », « d'une grande incantation impossible à réaliser ».

Il rappelle, à cet effet, que le président français avait évoqué la remise en cause de la tarification à l'activité, en 2017 et qui était dans son programme santé 2022. « Elle n'a pas été faite. Puis la réorganisation, c'est très, très flou. Il y a déjà des concertations qui ont lieu, mais personne n'est d'accord autour de la table. Il veut réorganiser, mais on ne sait pas où l'on va, il n'y a pas de feuille de route contrairement à ce que l'on croit », indique Patrick Pelloux dans ses déclarations rapportées par plusieurs médias français.

Nombre de lits par 100 000 habitants : la France passe en dessous de la moyenne européenne

Pour le président de l'Association des médecins urgentistes de France, les causes de la « déliquescence du système de santé sont pourtant parfaitement identifiées ». Il cite en premier lieu la réforme dite du plan Hôpital 2007 « qui sévit toujours et qui a fait quasiment disparaitre les services spécialisés ». Autre problématique : le récent Ségur concernant les praticiens hospitaliers qui a fait  « perdre aux praticiens » quatre échelons, beaucoup d'argent, mais aussi à l’origine de la fuite des pédiatres à l'automne. « Il n'y a pas d'autre explication. Et évidemment, ça fait autant de moins à la retraite. Donc il y a aussi un problème d'attractivité pour les infirmières », souligne encore Patrick Pelloux. Résultats des courses : la France passe en dessous de la moyenne européenne en nombre de lits pour 100 000 habitants.

Ce n’est pas tout. Le président de l'Association des médecins urgentistes de France a fait état de « disparités d'accès aux soins selon le département dans lequel les patients se situent, cartographiées dans un rapport de 2021 de la direction de la Recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) ». « Les chiffres parlent d'eux-mêmes. On a maintenant une mortalité infantile après le post-partum qui est catastrophique. On est au niveau de certains pays en voie de développement parce qu'on a fermé trop de maternités, on a été trop loin. Là, on sait qu'on a eu une surmortalité de 10 000 personnes cet été. Le ministère s'est abrité derrière la canicule, pour ne pas dire que c'était le problème de l'accès aux soins», alerte Patrick Pelloux. Un peu plus loin, Patrick Pelloux révèle qu’à Paris, il n’y a même pas de médecins pour aller faire les certificats de décès. « Donc pour l'instant, les gens gardent les cadavres chez eux sans savoir si dans l'après-midi un médecin sera disponible», a-t-il conclu.

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