Montpellier : Des chercheurs appellent à la concrétisation d'un institut Algérie-France

L’un des points sur lesquels le président français, Emmanuel Macron, et le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, s’étaient mis d’accord, dans le cadre de la « nouvelle » réconciliation, est d’entreprendre un travail mémoriel digne de l’histoire commune. Sur la liste des espaces dédiés à cette besogne, figure un projet prometteur : « un institut de la France et de l’Algérie, un lieu muséal où histoire, mémoires, art, dialogue et coopération pourraient coexister ». Sauf que ledit projet est à chaque fois repoussé, et les raisons ne sont pas difficiles à deviner.

Dans une tribune, publiée par le journal Le Monde, un collectif, comprenant des historiens, des chercheurs, des politiques, des artistes, des étudiants et des responsables de la société civile, demande au gouvernement « de ne pas abandonner ce projet lancé il y a deux ans » et que, assurent-ils, « la ville de Montpellier est prête à l'accueillir ». « Aujourd’hui, nous, associations, historiens, artistes, chercheurs, acteurs de l’écosystème culturel et de la société civile, rappellent que la concrétisation de ce projet est plus qu’essentielle au dialogue des mémoires. Nous y voyons un outil pour les réconcilier, mais aussi mettre en lumière la vérité historique et construire un futur commun pour les nouvelles générations », a écrit le collectif en question.

Les signataires de la tribune assurent que « créer un lieu consacré à cette histoire constitue à la fois un symbole et une forme de reconnaissance ». « La demande de la société civile, et particulièrement celle de la jeunesse, d’un endroit où apprendre, mais aussi s’approprier cette histoire, doit être entendue », ajoutent-ils.

Institut de la France et de l’Algérie : repoussé en raison de désaccords politiques

Aussi, le collectif regrette que le projet soit repoussé à plusieurs reprises « en raison de désaccords politiques1 sur le rôle qu’il doit occuper, questionnant tour à tour s’il doit être davantage politique, sociétal ou muséal ». Et aux signataires de s’interroger : « alors, est-ce vraiment la fonction du musée de se positionner sur des questions politiques ? Le rôle du musée dans notre société contemporaine est-il d’accueillir le débat public ? Et donc, plus largement, le musée est-il un lieu d’expression de la démocratie ? »

La réponse est assez lucide : « nous croyons que oui, cet institut peut être à la fois politique, sociétal et muséal. Plus encore, nous voyons ce musée de la France et de l’Algérie comme un outil démocratique dans le processus de sa construction comme dans la forme finale qu’il prendra », suggèrent les signataires. Selon eux, « ce musée ne doit pas être un temple inaccessible du savoir ». C’est pourquoi, plutôt qu’un musée, ils souhaitent un institut, « qui soit un lieu de vie et d’accueil de toutes les histoires individuelles, coconstruit avec les Françaises et Français dépositaires de cette mémoire ».

« Nous pensons que cet institut peut être un lieu de rencontres et de coopération où doivent œuvrer côte à côte : historiens et chercheurs, pour contribuer à une meilleure connaissance de cette histoire ; artistes, pour créer de nouveaux imaginaires de nos identités, de l’« autre » et de ce que nous partageons ; mais aussi citoyens français et franco-algériens, pour renforcer les relations entre les sociétés civiles de la France et de l’Algérie. Nous croyons à l’idée d’un lieu culturel qui accueille la parole des témoins des deuxième et troisième générations et où l’art fasse le lien entre écriture de la "grande" histoire et héritages familiaux pluriels », conclut le collectif.


  1. Colonisation de l'Algérie : Emmanuel Macron ne demandera pas pardon 

Retour en haut
Share via
Copy link