Monnaie hors circuit bancaire : Le « dernier » appel de Tebboune aux barons de l’informel

Liasses de billets en dinar algérien

En Algérie, la circulation fiduciaire hors banques a atteint des sommets vertigineux. Fin 2020, elle a été évaluée par la Banque d’Algérie à  6 140,7 milliards de dinars, en hausse de 12,93 %, comparativement à l’année 2019. Le chef de l’État, évoquant tous les maux que cette monnaie peut causer à l’économie nationale, a lancé un appel – un dernier – aux barons de l’informel pour qu’ils déposent l’argent qu’ils cachent au fisc dans les banques.

« Il y a encore des fonds thésaurisés. Nous lançons un dernier appel à ceux qui détiennent cet argent pour l’injecter dans l’économie nationale. Nous avons donné des milliers de garanties pour que ces fonds ne polluent pas l’économie et créent l’inflation. Cet argent doit contribuer au développement national », a déclaré le chef de l’État lors de la rencontre gouvernement-walis au Palais des nations du Club des Pins.

« Riba » : La solution des guichets de la finance islamique

Le chef de l’État n’a pas omis d’évoquer la mentalité des Algériens dont beaucoup rejettent indistinctement la « Riba » (l’usure). Il a rappelé, dans ce sens, que des mesures ont été prises. « Nous avons ouvert des guichets de la finance islamique. Déposez votre argent dans les banques et prenez des obligations qui peuvent vous servir à investir, faire des affaires. Si vous faites une opération commerciale, vous pouvez toujours retirer des sommes de la banque », a-t-il dit.

En guise d’arguments, il a souligné que le dépôt des fonds thésaurisés dans les banques contribuerait à réduire l’inflation et à faire augmenter la valeur du dinar. « Ils seront gagnants aussi parce que ces fonds ne sont pas protégés. Ils peuvent subir un incendie ou un vol. Une fois la patience arrivée à sa limite, nous prendrons des mesures », a-t-il, en effet, averti.

Les Algériens et leurs banques : La difficile réconciliation

« Nous allons opérer une rupture définitive avec la domination de l’argent sale dont certains résidus continuent à alimenter les foyers de résistance au changement et avec la dilapidation des deniers publics. Nous sommes mobilisés, aujourd’hui, plus que jamais pour mener une lutte sans merci contre la corruption, les corrupteurs et les corrompus », a poursuivi le Chef de l’État.

En fait, il n’est pas sûr que l’appel du chef de l’État soit entendu. D’abord, il n’est pas le premier du genre. Ensuite, en plus de la notion de la « Riba » venue avec l’islamisation de la société algérienne, il y a le fait que les Algériens ont du mal à avoir confiance en leurs banques. En effet, depuis le scandale Khalifa, l’on considère que l’argent n’est pas en sécurité dans les banques algériennes. Et pour une réelle réconciliation des Algériens avec leurs banques, il va falloir un vrai travail de sensibilisation et de communication, ce qui est, du moins pour le moment, le dernier souci de nos institutions financières.

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