2022 a-t-elle été l'année du retour de l'immigration en France ?

Personnes dans la rue

La loi sur l’immigration, qui s’annonce assez « réformatrice », sera présentée mercredi en Conseil des ministres. Et c’est en plein débat que les chiffres de l’immigration de l’année 2022  tombent. Encouragent-ils à plus de laxisme en matière d’accueil ou sont-ils de nature à pousser à plus de rigueur ? Cela dépendra du camp auquel on appartient.

Il est clair que les chiffres que vient de rendre publics le ministère français de l’Intérieur ne vont pas manquer de peser lourd dans les argumentaires des uns et des autres. Demandes d’asile, titres de séjours, expulsions, tout y est. Le nombre des demandes d’asile en 2022 – chiffre qui attire le plus l’attention – a clairement explosé. Le département de Darmanin avance une augmentation de 31 %. Toutefois, ce chiffre est à prendre avec des pincettes, car l’« explosion » n’est due qu’à une diminution inédite suite au Covid. « Les effets de la crise sanitaire, qui ont marqué les flux migratoires en 2020 et 2021, sont aujourd'hui partiellement effacés », explique, d’ailleurs, le ministère.

Avec plus de détails, l’on a enregistré 137 046 demandes d'asile contre 138 420 il y a trois ans. Rappelons qu’en 2020, il y a eu 156 103 demandes, tandis qu’en 2019, l’on a enregistré 151 283. Tout comme l’année 2021, l'Afghanistan est le principal pays d'origine des demandeurs d'asile, avec 22 570 demandes en 2022. Le top de la liste compte le Bangladesh, la Turquie, la Géorgie et la République démocratique du Congo.

L'Algérie, le Maroc et la Tunisie en tête des pays dont les ressortissants ont eu un titre de séjour

Par ailleurs, en 2022, 34 029 personnes sans-papiers ont été régularisées, soit une hausse de 7,8 % par rapport à 2021. Cette tendance, selon le département de Darmanin, s'explique par une augmentation de 29,1 % des délivrances « d'admissions exceptionnelles au séjour » à des salariés en situation irrégulière. Et, au total, 320 330 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2022, 17,2 % de plus qu'en 2021. Aussi, note le même ministère, 3,8 millions de ressortissants étrangers sont aujourd'hui titulaires d'un titre de séjour. « L'Algérie, le Maroc et la Tunisie figurent en tête des pays d'origine », assure le journal Le Quotidien.

L’on a également noté une « transformation progressive des flux migratoires (...) en lien direct avec les besoins de notre économie ». En effet, « le nombre de titres de séjour pour motif étudiant (108 340) dépasse pour la première fois le motif familial (90 385) », a détaillé le ministère de l'Intérieur. C’est dire que l'immigration économique a connu la plus forte croissance pour ce qui est de la délivrance des premiers titres de séjour.

France : Les expulsions aussi en hausse

La tendance haussière, comme il fallait s’y attendre, n’a pas épargné les expulsions. En effet, celles-ci, comparativement à 2021, ont augmenté de 15 % : 15 396 ont été recensés par le ministère d'Intérieur, contre 13 403 en 2021. Cependant, note le même ministère, ce chiffre demeure inférieur d'un tiers à son niveau d'avant la pandémie (23 746 en 2019). Une bonne partie de ces expulsions (11 410) ont été forcées.

Par ailleurs, nombre de médias français ont relevé le fait que le gouvernement n’a pas communiqué les chiffres quant aux Obligations de quitter le territoire français (OQTF), rappelant que le sujet est très sensible, notamment en ce moment. Aussi, le taux d’exécution des OQTF n’est pas de nature à conforter Darmanin qui a fait de « sa » nouvelle loi sur l’immigration une affaire presque personnelle.

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