La France a besoin d'immigrés pour combler le manque de main-d'œuvre dans plusieurs secteurs. Ce constat n'est pas nouveau. Les experts n'ont cessé de le souligner depuis plusieurs années. Cependant, l'immigration clandestine est perçue comme la source des « problèmes en France ». C'est dans ce contexte qu'est arrivée la loi Darmanin sur l'immigration. Une loi qui a pour principal objectif de combler le manque de main-d'œuvre dans les secteurs dits sensibles.
Cependant, cette loi s'avère dangereuse pour le continent africain. La France envisage de siphonner la matière grise de ce continent. Les médecins africains trouveront des facilités pour s'installer en France. Le continent perdra donc une grande partie de ces médecins formés dans leurs pays d'origine. Ainsi, l’Afrique francophone, qui est le deuxième pourvoyeur de praticiens étrangers après l’Union européenne devra encore fournir plus de médecins à la France. C'est dans la stratégie du gouvernement qui prévoit la création d’une carte de séjour spécifique pour les métiers en tension.
Ce projet de loi intitulé « immigration et intégration » doit être présenté en conseil des ministres ce 1er février. Parmi les volets qui inquiètent les Africains, celui qui prévoit la création d’une carte de séjour spécifique pour les métiers en tension, notamment ceux de la santé. Dénommé « talent-professions médicales et de pharmacie » ce volet concerne les médecins étrangers quelle que soit leur spécialité, les sages-femmes, les chirurgiens-dentistes et les pharmaciens. Il prévoit également d’abaisser le seuil de revenus exigés pour y prétendre.
C'est l'Algérie qui fournit le plus de médecins à la France
Ce volet a été vivement critiqué. Il a été une véritable onde de choc en Afrique. Plusieurs personnalités françaises ont également réagi à cette volonté d'attirer les médecins africains. André Grimaldi, Jean-Paul Vernant, Xavier Emmanuelli et Rony Brauman, respectivement professeur émérite de diabétologie ; professeur émérite d’hématologie et membre du comité des sages de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) ; ancien secrétaire d’État et président de ce comité des sages ; cofondateur de Médecins sans frontières, les quatre personnalités ont tiré la sonnette d'alarme. « Ne privons pas l’Afrique de ses médecins », ont-ils alerté dans une tribune parue dans le JDD. Ces personnalités demandant clairement au gouvernement de « retirer de son projet cette proposition (…) pour attirer les personnels médicaux », qui aura, selon eux, pour effet « de transférer nos déserts médicaux dans les pays issus de nos anciennes colonies ».
Déjà en 2022 en France, les trois quarts des 2000 praticiens à diplôme hors UE (Padhue) qui ont passé les épreuves de vérification des connaissances étaient originaires de l'Afrique du Nord et la moitié d’Algérie. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) chiffrait à 25 000 le nombre de médecins nés à l’étranger qui exercent en France, soit 12 % du total d’inscrits à l’ordre. Un chiffre qui a été multiplié par trente en vingt ans.
Pour les pays africains, notamment l'Algérie, la Tunisie et le Maroc, la saignée des médecins peut compliquer l'avenir du secteur de la santé. Ces pays qui forment à des couts très élevés ces médecins ne peuvent concurrencer la France sur plusieurs volets1. Ces médecins choisissent donc de partir laissant derrière eux des déserts médicaux.