Le Maroc n'en finit pas avec les scandales. Le royaume vient d'ailleurs d'être cité dans une autre affaire, cette fois-ci, de soupçons d'ingérence à la chaîne française d'information continue BFM TV dont l'acteur principal n'est que le journaliste Rachid M'Barki.
Le journaliste d'origine marocaine est le présentateur du journal de la nuit. Soupçonné de servir la propagande du Maroc, Rachid M'Barki a été suspendu par la direction de BFM TV. Il a été dispensé d'activité depuis la mi-janvier après la diffusion de « multiples contenus non validés » par le média français et servant la propagande marocaine.
Il s'agit, précisément, d'images et de propos n'ayant pas suivi les circuits de validation habituels et diffusés pendant l'émission Le journal de la nuit, un journal télévisé diffusé à partir de minuit, laissant soupçonner une ou plusieurs opérations d'influence dont l'origine n'a pas été officiellement identifiée, rapportait le journal bruxellois Politico.
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Il lui est notamment reproché la diffusion d'un sujet relatif à un forum économique entre le Maroc et l'Espagne organisé en juin 2022 et dans lequel le journaliste défend les thèses du gouvernement marocain concernant le Sahara occidental. Le journaliste Rachid M'Barki a en effet évoqué, dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, la tenue de ce forum dans la ville de Dakhla, au Sahara occidental, mais qu'il a présentée comme relevant du territoire marocain1.
« Une enquête interne a effectivement été lancée il y a plus de deux semaines à la suite d'informations reçues concernant un journaliste » désormais « dispensé d'activité », a déclaré la direction de BFM TV à l'AFP, confirmant l'information du site Politico.
Ladite enquête doit déterminer « si ce contenu était sous une influence quelconque » et si des images diffusées à l'antenne « venaient de l'extérieur ». « Si les faits rapportés sont exacts, ils sont graves et condamnables », a réagi de son côté la Société des journalistes (SDJ) de BFMTV. « Nous ne pouvons tolérer aucun début de soupçon sur le travail de BFM et de ses 300 journalistes. Nous prendrons donc toutes les mesures juridiques, judiciaires, individuelles et d'organisation selon les conclusions de cette enquête », a assuré la direction de la chaîne.
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Interrogé par Politico, M'Barki a admis avoir « utilisé des infos qui venaient d'informateurs » et qui n'ont « pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction ». « Elles étaient toutes réelles et vérifiées […] Je n'écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n'avais pas l'impression que c'était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l'aurais pas fait », poursuit-il.
Le Maroc dos au mur
Au moment où le Maroc est déjà empêtré dans un vaste scandale de corruption ayant éclaboussé le Parlement européen2, le Royaume étant accusé d'avoir soudoyé un certain nombre d'eurodéputés pour qu'ils le défendent.
Le jeudi 2 janvier, le Parlement européen a pour rappel levé l'immunité de deux eurodéputés visés par la justice belge dans le cadre de l'affaire du « Marocgate ». Il s'agit des deux élus du groupe des Socialistes & démocrates (S&D), le Belge Marc Tarabella et l'Italien Andrea Cozzolino. Le compagnon de l'eurodéputée socialiste grecque embourbée dans ce scandale Eva Kaili, Francesco Giorgi, aurait notamment expliqué aux juges que l'eurodéputé Andrea Cozzolino était impliqué dans cette affaire et a eu des contacts avec l'ambassadeur du Maroc à Varsovie, Abderrahim Atmoun, grâce à Antonio Panzeri, qui était le président de la commission Maghreb et qui avait ensuite passé le relais à Cozzolino.
Andrea Cozzolino a d'ailleurs fini par démissionner de la commission parlementaire spéciale sur le programme Pegasus et de la commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne.
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Dans la foulée des évènements, l'eurodéputé italien a demandé à la commission du développement régional du Parlement européen de retirer une série de ses amendements, dont deux concernaient le Maroc. Comme indiqué par le site ilfattoquotidiano et l'agence de presse italienne Ansa, il y en avait 13 au total. Andrea Cozzolino a été suspendu le 16 décembre du registre des membres et électeurs du Parti démocrate ainsi que de tous les postes au sein du parti après que son nom ait figuré dans l'enquête du procureur belge.