Cela relève de l'invraisemblable. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, l'Arabie saoudite, un royaume où les droits des femmes sont bafoués, se propose pour sponsoriser une Coupe du monde de football… féminin.

Visit Saudi, l'office du tourisme d'Arabie saoudite serait en effet sur le point d'être nommé parmi les sponsors du tournoi réunissant 32 nations prévu à partir du 20 juillet en Nouvelle-Zélande et en Australie. Les deux pays, qui n'ont pas tardé à réagir à l'information, ont d'ailleurs réclamé le jeudi 2 février de toute urgence des réponses de part de la FIFA concernant les informations selon lesquelles l'office du tourisme d'Arabie saoudite parrainerait la compétition. Les responsables des fédérations australiennes et néo-zélandaises de football affirmaient qu'ils n'avaient pas été informés de l'accord prévu et « ont écrit conjointement à la FIFA pour clarifier de toute urgence la situation ».

Ainsi, Football Australia s'est dit « très déçu » de ne pas avoir été « consulté sur cette question avant que la décision ne soit prise ». Pareil du côté de la Nouvelle-Zélande, où les responsables du football  se disent « choqués et déçus » après que la FIFA ait fait cavalier seul. Non seulement. De vives critiques ont été soulevées par la société civile. À ce propos, Nikita White, chargée de campagne pour l'Australie à Amnesty International, n'a pas manqué de souligner le « bilan épouvantable de l'Arabie saoudite en matière de violations des droits de l'Homme ». « Le parrainage de la Coupe du monde de football féminin par les autorités saoudiennes serait un cas d'école de blanchiment sportif », a-t-elle laissé entendre.

Pour sa part Kathryn Gill, ancienne internationale australienne et co-présidente du syndicat des footballeurs professionnels australiens, a rappelé que la FIFA était « tenue de respecter tous les droits de l'Homme internationalement reconnus et d'exercer son influence considérable lorsqu'ils ne sont pas respectés ou protégés ». Pour les experts, cette annonce de sponsoring surprend d'autant plus que la compétition a été présentée par la FIFA comme un moyen de développer le football féminin. Elle devrait en effet réunir jusqu'à 2 milliards de téléspectateurs.

Confirmée comme hôte de la Coupe d'Asie 2027, l'Arabie saoudite réfléchit de ce fait à une candidature commune avec l'Égypte et la Grèce pour accueillir la Coupe du monde masculine 2030. Seulement, tout comme le Qatar qui a tout fait afin de protéger sa réputation dans le cadre de l'organisation du Mondial 2022, l'Arabie saoudite débourse énormément dans le but de soigner son image. Le pays s'est d'ailleurs offert la star du football Cristiano Ronaldo1 et tente par tous les moyens d'en acquérir d'autres, à l'instar de Karim Benzema2.

En matière des droits des femmes, par contre, le royaume wahhabite, trop conservateur, demeure un mauvais élève. « Les femmes continuent de se heurter à des discriminations dans les domaines du mariage, de la famille, du divorce et des décisions concernant les enfants, notamment leur garde », écrit à cet effet Human Rights Watch dans son rapport mondial 20223.

« En dépit de récentes réformes importantes en matière de droits des femmes, parmi lesquelles l'autorisation donnée aux femmes de plus de 21 ans d'obtenir un passeport et de voyager à l'étranger sans la permission d'un tuteur, les femmes saoudiennes sont toujours tenues d'obtenir la permission d'un tuteur de sexe masculin pour se marier, sortir de prison ou bénéficier de certains soins médicaux », note encore l'ONG.


  1. L'Arabie saoudite va-t-elle s'offrir Cristiano Ronaldo ? 

  2. Karim Benzema reçoit une offre colossale pour jouer en Arabie saoudite 

  3. Arabie saoudite, 2022, HRW